A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, la capitale française se met à l’heure du Japon.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, l’art japonais exerce en Occident une fascination inégalée qui engendre cet extraordinaire phénomène esthétique qu’est le japonisme. La découverte des arts du Japon influence durablement les marchands, les collectionneurs et amateurs ainsi que les artistes dans de nombreux domaines : peinture, architecture, arts décoratifs, joaillerie, textiles, céramiques. Les premières estampes japonaises parviennent en France essentiellement par l’intermédiaire de Hollandais qui ont séjourné au Japon à l’époque de la fermeture du pays au commerce avec l’étranger, entre 1635 et 1854. Il faut néanmoins attendre les années 1860 pour que ces fameuses images du monde flottant ou gravures ukiyo-e commencent à circuler en grand nombre à Paris. Deux événements favorisent leur diffusion auprès du public : l’ouverture du Japon au commerce avec la France, à la suite de la signature du traité d’amitié et de commerce de 1858, et sa participation aux expositions universelles organisées à Paris.
Lors de l’Exposition universelle de 1867, le Japon est à la mode et s’expose officiellement dans le Palais de l’Industrie sur le Champ-de-Mars. Plusieurs milliers d’objets – textiles, bronzes, céramiques et éventails, évoquent tous les aspects de la vie japonaise et suscitent un fort intérêt auprès des visiteurs. Les industries françaises de luxe contribuent à la diffusion de cette esthétique inédite, telle la maison Christofle qui s’inspire des motifs décoratifs nippons pour produire des pièces émaillées spectaculaires et précieuses. Dès lors, chaque arrivage d’objets du Japon dans la capitale est accueilli par une foule admirative qui se dispute estampes, laques et porcelaines.
Le japonisme, qui ne cesse de croître dans la deuxième moitié des années 1870, atteint son apogée à l’Exposition universelle de 1878, où le Japon est exceptionnellement bien représenté au sein de l’étonnante rue des Nations du Champ-de-Mars et avec l’installation d’une ferme traditionnelle dans les jardins du Trocadéro. Le monde de la mode, les amateurs et la critique s’allient pour faire de l’art japonais, jusque-là réservé à une frange de l’avant-garde, l’objet d’une véritable vogue. Les expositions de 1889 et de 1900 ne déclenchent plus le même enthousiasme puisque, dès la fin du XIXe siècle, l’Empire du Soleil levant n’est déjà plus un objet de fascination comme il a pu l’être dans les années 1860 et 1870.