Pour le plus grand collectionneur de la fameuse Manga, sa renommée s’explique par l’incroyable imagination de l’artiste.
Uragami Mitsuru, galeriste renommé (www.uragami.co.jp) est aussi le plus grand collectionneur au monde des volumes de la Manga de Hokusai (1760-1849), ce manuel de référence pour ses disciples et pour ceux qui désiraient apprendre à manier le pinceau. Il fut publié en 15 volumes à partir de 1814.
Depuis quand vous intéressez-vous aux estampes japonaises ukiyo-e ?
Uragami Mitsuru : Mon père, directeur honoraire du Hagi Uragami Museum, collectionne les œuvres d’art depuis toujours. J’en suis donc entouré depuis ma plus tendre enfance. Je connaissais les estampes japonaises, mais je m’y suis réellement intéressé que lorsque je suis devenu étudiant.
Comment en êtes-vous venu à vous passionner tout particulièrement pour la Manga de Hokusai ? Combien de volumes en possédez-vous ?
U. M. : J’avais 18 ans quand, un jour, j’ai accompagné mon père dans un magasin spécialisé en estampes japonaises. J’y ai découvert, par hasard, la Manga de Hokusai et me suis empressé de l’acquérir. Depuis 45 ans, je continue d’en acheter des volumes et j’en possède aujourd’hui plus de 1 500.
A quoi doit-on l’engouement pour Hokusai ?
U. M. : N’est-ce pas dû à la structure dynamique de ses œuvres ? Il excelle dans l’art du dessin, mais c’est la richesse de son imagination qui trouve sa source dans la peinture japonaise qui me semble la plus captivante.
Pourriez-vous nous expliquer les différences entre la Manga de Hokusai et les mangas actuels ?
U. M. : La Manga présente des dessins sur tous les sujets auxquels Hokusai s’intéressait. Certains estiment que ce sont des “croquis”, des “albums de dessins” ou encore des “livres illustrés représentatifs de l’époque d’Edo”. Je pense que cette œuvre n’est pas si différente des mangas d’aujourd’hui et que bon nombre des dessins de cette Manga en sont assez proches. Elle est d’ailleurs à l’origine du mot manga utilisé actuellement.
Quelle est votre page préférée dans la Manga ?
U. M. : C’est un ensemble de 15 volumes de 900 pages au total. Elle comporte environ 3 600 dessins. Personnellement, j’aime beaucoup les dessins du volume 8 représentant des personnes obèses ou très maigres. Je pense que la Manga fut la première œuvre à décrire les gens de l’époque d’Edo (1603-1868) tels qu’ils étaient.
Hokusai a influencé de nombreux artistes occidentaux. Pourquoi, d’après vous ?
U. M. : Les peintres impressionnistes dont Manet, Monet, Degas ainsi qu’un artiste comme Paul Klee ont effectivement été influencés par Hokusai. C’est une chose dont, nous, Japonais sommes fiers, mais il ne faut pas oublier que, malgré la fermeture du pays, Hokusai a étudié les peintures occidentales et chinoises. Nous pouvons donc dire que Hokusai était bien un artiste international.
Quels sont les rêves du grand collectionneur que vous êtes ?
U. M. : Je rêve de pouvoir assister à l’ouverture d’un “musée de la Manga de Hokusai”. On y exposerait des originaux, mais aussi des agrandissements numériques précis. On en présenterait aussi des animations, grâce à la réalité virtuelle, pour divertir les visiteurs et faire encore mieux connaître cette œuvre extraordinaire.
Propos recueillis par B. K.-R.