Pour ceux qui veulent assurer la pérennité de la tradition, toutes les idées sont bonnes à prendre.
Wasabi, haricots rouges, thé vert, hôji cha, etc. On ne compte plus le nombre de variétés de KitKat que l’on trouve au Japon. En l’espace de quelques années, la filiale japonaise du géant suisse Nestlé a réussi à faire de cette confiserie un produit phare auprès des Japonais, mais peut-être aussi et surtout auprès des touristes étrangers qui ramènent de leur séjour un petit goût du Japon. Avec un KitKat aussi original, on est certain de faire un tabac auprès de ses amis ou de ses collègues de travail qui ne manqueront pas de dire que les Japonais ont de l’imagination. Parmi les goûts les plus inattendus figure celui au saké. Lancé en 2016, il est aujourd’hui l’un des plus appréciés car il incarne on ne peut plus une saveur japonaise. Pour sa production, Nestlé Japon recourt à un saké de la préfecture de Toyama, dans le nord-ouest de l’archipel.
Arrivée en 1973 au Japon, la mini-gaufrette chocolatée connaît une nouvelle existence depuis le lancement réussi, en 2000, de la saveur fraise. Grâce à cette innovation et la multiplication des nouveaux goûts, l’archipel est désormais le premier marché pour le KitKat dans le monde. Ses ventes ont augmenté de plus de 50 % depuis 2010, obligeant l’entreprise à ouvrir une seconde usine à Himeji, à l’ouest du pays, car celle de Kasumigaura, à une centaine de kilomètres au nord-est de Tôkyô n’était plus suffisante pour répondre à la demande croissante.
Pour réussir le lancement du goût saké, Nestlé Japon s’était associé, il y a deux ans, avec l’ancienne star du football nippon Nakata Hidetoshi qui, depuis sa retraite footballistique, s’est pris de passion pour le saké. Désireux de “devenir un meilleur Japonais” comme il l’a récemment confié à la chaîne de télévision américaine CNN, l’ancien footballeur qui a fait une grande partie de sa carrière à l’étranger, notamment en Italie, a estimé que le saké représentait l’essence du Japon. Un choix qui confirme les propos de Nicolas Baumert dans son excellent essai Le Saké, une exception japonaise (éd. Presses universitaires de Rennes-Presses universitaires François-Rabelais, 2011, 20 €) selon lesquels “boire le saké semble donc toujours un rituel, qui renvoie aux pratiques anciennes où il était la boisson des dieux. (…) Il y a un sens particulier qui renvoie à l’imaginaire de la boisson et à l’acte de boire ensemble, qui se confondent avec la perception collective d’une certaine forme de l’identité”.
Nakata Hidetoshi entreprend un tour du Japon qui va le mener dans plus de 300 brasseries de saké. De cette rencontre avec les maîtres brasseurs, il retient l’importance du savoir-faire et la nécessité de le préserver. En partenariat avec la brasserie Takagi, située dans la préfecture de Miyagi, au nord-est de l’archipel, il crée son propre saké, N, comme d’autres auraient lancé leur parfum. Le saké est aujourd’hui sa raison d’être. Outre une ligne de verres pour déguster le breuvage divin, il a produit l’application Sakenomy (ios, android) dont la vocation est de servir de passerelle entre les producteurs et les consommateurs, notamment étrangers grâce à un outil de traduction qui permet de lire les étiquettes des bouteilles. L’ancienne star du ballon rond entend poursuivre son rôle d’ambassadeur de la culture japonaise. Tout est bon pour y parvenir, y compris en assurant le lancement de KitKat saveur saké.
Gabriel Bernard