Aujourd’hui cependant, Shôtôen est désert. Nous sommes à la mi-juillet et très peu de Japonais ont le luxe de passer leurs vacances d’été en dehors de la semaine d’O-bon aux alentours de la mi-août. Et pour la plupart des touristes étrangers, ces îles n’existent pas. Comme l’a dit Paul Theroux, “hors saison, un lieu est le plus vide et le plus exposé, mais c’est aussi le moment où il est aussi le plus lui-même”. En l’absence de la foule, on a ainsi le temps, l’espace et la liberté de profiter pleinement de Shôtôen. Impossible de ne pas se sentir privilégié.
Un peu plus loin sur le front de mer se trouve le musée d’art de Rantôkaku. Comme les autres musées de Shôtôen, il s’agit d’un élégant bâtiment en bois qui abrite des peintures d’artistes japonais, notamment Yokoyama Taikan et Hirayama Ikuo nés sur l’île d’Ikuchijima, à proximité. L’ensemble du site s’intègre parfaitement dans le concept d’île-jardin avec ses jardins, ses fontaines et ses roues à aubes.
Pour passer sur la plus grande île de Kamagari, on a l’agréable surprise de découvrir que le pont d’Akinada était le seul pont à péage, car tous les autres sont gratuits. Si vous vous y rendez d’octobre à décembre, vous remarquerez d’innombrables kiosques au bord des routes proposant des oranges, des mandarines, citrons et autres agrumes locaux, une spécialité de ces îles. Personne ne tient ces stands. Il suffit de déposer l’argent dans la boîte prévue à cet effet. Un autre exemple touchant de l’honnêteté japonaise.
La principale attraction de Kamagari est sa plage Kenmin-no-Hama (littéralement plage des habitants de la préfecture). Elle figure au classement des 100 plus belles plages du Japon. Outre ses vues imprenables et son sable fin, on y trouve également des courts de tennis, des pelouses, une salle de sport, une piscine et un restaurant, ainsi que des activités nautiques comme le kayak de mer. Si vous n’aimez pas rester allongé sur le sable, vous pouvez même louer une petite installation disposant d’un tatami et recouverte d’un auvent en toile pour vous protéger du soleil.
Aujourd’hui, cependant, comme l’a dit Bob Dylan, “la plage est déserte, à l’exception de quelques algues.” C’est même un peu effrayant. On a l’impression d’une ville fantôme, alors que mille cigales rugissent sous la chaleur de l’après-midi. Au sommet d’une colline surplombant la plage se trouve un observatoire astronomique qui abrite un télescope Maksutov avec une lentille de 200 mm, l’un des plus imposants du Japon. Si loin des lumières de la ville, on ne peut qu’imaginer quel regard époustouflant sur le cosmos il doit proposer. Plus loin, il est impossible de ne pas remarquer à quel point la végétation est envahissante après la saison des pluies, qui ne s’est officiellement terminée que quelques jours plus tôt. La verdure des îles de la Mer intérieure est toujours remarquable, mais ici, elle est exceptionnellement luxuriante.
Dans la petite ville de Mitarai, à l’est de l’île de Yukata, le soleil se couche déjà sous l’horizon. A son apogée, Mitarai était un port prospère aux XVIe et XVIIe siècles, lorsque les navires en route pour Ôsaka et Edo s’y abritaient des tempêtes ou attendaient le changement de marée. Ses rues étroites et ses bâtiments historiques avec leurs murs blancs et leurs toits noirs conservent encore le charme d’une vieille ville portuaire.