Après avoir rejoint Tsurumi Wataru, je lui demande quel message il veut transmettre avec ce marché. “Pour moi, il s’agit d’une manifestation de rue et une action anticapitaliste”, lance-t-il. “Il est ridicule de continuer à produire de nouvelles choses et à jeter des choses en bon état. Je veux mettre un terme à ce cercle vicieux. Au lieu de faire du commerce, nous devrions simplement donner ce dont nous n’avons pas besoin dans la mesure où d’autres personnes en voudront.”
“Je pense que nous avons le pouvoir de résister au capitalisme et j’ai le sentiment que beaucoup d’autres personnes sont favorables à l’idée d’en finir avec les transactions monétaires et cette consommation qui n’en finit pas. Tant de gens deviennent malheureux à cause de l’argent. Je n’aime pas la façon dont l’argent gouverne nos vies. Je suis également très sceptique quant au pouvoir des entreprises. Pourquoi ces entreprises sont-elles si puissantes ? Vous êtes considéré comme un perdant si vous ne travaillez pas pour une grande entreprise et ne gagnez pas beaucoup d’argent. Je déteste ça. Bien sûr, vous êtes libre de regarder la vie comme vous le souhaitez, mais je préfère une société avec des valeurs différentes”, ajoute-t-il.
L’écrivain se rend souvent en Asie du Sud-Est, où il fait le tour des marchés locaux et où il a de nombreux amis et contacts. “Les grandes entreprises envahissent également ces lieux”, regrette-t-il. “Je crains que toutes les petites boutiques familiales et les vendeurs de rue disparaissent même si, pour le moment, ils semblent toujours prospérer.”
“C’est vraiment triste quand on pense à ce qui s’est passé au Japon. Il y a quelque temps, j’ai vu une carte ancienne de Kunitachi qui a plus de 50 ans. A l’époque, il y avait beaucoup de petits magasins autour de chez moi, mais ils ont tous disparus. Maintenant, il n’y a plus qu’un seul grand magasin à la gare. Les entreprises doivent faire partie de la communauté locale et non être un facteur de destruction”, estime-t-il.
Parmi les objets que Tsurumi Wataru donne, je trouve un exemplaire du Voyage d’Hector ou la recherche du bonheur de François Lelord. Je lui demande alors ce que le bonheur signifie pour lui. Il y réfléchit pendant trente secondes, le regard dans le vague, puis me montrant tous les gens joyeux qui se sont rassemblés aujourd’hui, il me lance : “C’est être avec ses amis, comme maintenant, partager un bon moment et faire ce que tu as envie.”
J. D.
Informations pratiques
Pour connaître les prochaines dates du marché : https://twitter.com/kunitachi0yen