Tous les dix ans, la charmante ville de Matsue située sur la côte ouest de la mer du Japon, à l’écart des grands axes touristiques, perpétue une singulière tradition de presque 400 ans. Devenu une véritable institution dans cette région littorale du San-in, son Festival « Hôran-enya » se déroule dans une grande convivialité sur la rivière Ôhashi traversant l’ancienne cité féodale, la lagune Nakaumi, puis la rivière Iu. La prochaine édition se déroulera en ce printemps 2019 !
Référence chez tous les amoureux de festivités aquatiques, ce rassemblement maritime fait avant tout la fierté des habitants de Matsue, la « cité de l’eau », et de ses alentours. Sa particularité est de se produire dans un cadre exceptionnel, au sein de trésors historiques et culturels, qui n’ont pas laissé indifférent au 19e s l’écrivain Lafcadio Hearn, auteur de nombreux livres sur le Japon. Ce dernier, littéralement subjugué par la beauté du site, décida de s’y établir durant plus de 15 mois. Le long des quais des voies navigables parcourant la ville, les immeubles récents dissimulent de nombreuses façades anciennes datant de l’époque des samouraïs, témoins d’un tissu urbain historique très bien conservé, surtout au nord. Perché en haut d’une colline entourée de douves, le château du 17e s. apparait comme un parfait exemple de l’architecture militaire japonaise les mieux conservés du pays. Tout autour de l’édifice fortifié de remparts en pierre encore intacts, s’articule le centre historique où s’épanouissait et prospérait la cité.
Une famine, menaçant la population locale au milieu du 17e s., figure à l’origine de ce rendez-vous décennal aux allures de procession à la fois festive et recueillie. Prévoyant la destruction des récoltes de riz à l’approche du mauvais temps, le seigneur féodal du domaine de Matsue, Matsudaira Naomasa, partit chercher aide et conseil auprès du grand prêtre du sanctuaire Jozan Inari. Celui-ci lui suggéra alors de transporter par bateau le dieu des cultures céréalières « Inari » jusqu’au sanctuaire Adakaya-jinja, distant de plus de 10 km, afin d’y prier et d’obtenir des divinités, la sauvegarde des récoltes. Une fois le vœu exaucé et la surprise d’une abondante récolte, les habitants décidèrent de répéter ce même scénario tous les dix ans. Ainsi naquit ce grand festival, réputé comme étant l’un des trois plus grands rituels de religion shintô réunissant des embarcations sur l’eau. Datant de 1648, le cérémonial initial a peu à peu évolué et gagné en dimension, avec par exemple le changement du type de bateau utilisé. A compter de 1808 et un fâcheux épisode de tempête durant lequel la barque d’origine mikoshi-bune menaça de sombrer, un chaland plus robuste appelé kaidenma-sen l’assista afin d’assurer au Dieu Inari un voyage en toute sécurité. Cinq kaidenma-sen provenant de cinq petits ports de pêche voisins, escorte désormais depuis 1848 le bateau sacré.
La manifestation, gratuite et ouverte à tous, s’étale à présent sur plus d’une semaine. Durant la procession nautique, des danseurs « Kengai » aux tenues luxueuses rappelant les costumes du théâtre kabuki, évoluent sur les ponts des bateaux dans un cérémonial ancestral majestueux. Ce ballet spectaculaire, animé par la musique et des chants folkloriques dont s’échappe les mots Horan En’ya (à l’origine du nom de la célébration), embrase peu à peu les rues de Matsue. Composée d’une centaine de bateaux arborant banderoles et drapeaux aux couleurs vives, la parade nautique est ensuite menée par les cinq navires kaidenma-sen des cinq districts originels. Dans une scénographie bien huilée, toute l’armada évolue lentement sur la rivière Ôhashi, observée par des milliers de spectateurs présents sur les berges.
Édition printemps 2019
Le festival Hôran-enya aura lieu du 18 au 26 mai 2019. Il s’articulera autour de 3 grandes phases : le 18 mai, procession, aller sur l’eau, appelée
« Togyo-sai » entre les deux sanctuaires ; le 22 mai, cérémonie intermédiaire marquant le milieu de la semaine de prières avec un défilé autour du sanctuaire de mini Kaidenma-sen sur roues ; le 26 mai, procession retour « kangyo-sai ».
Renseignements sur le festival :
https://www.ho-ran2019matsue.jp/
http://matsu-reki.jp/en/horanenya.html
Curiosités, trésors culturels à voir à Matsue
Du haut des six étages de l’ossature en bois du château de Matsue (17es.), remarquablement préservée, une vue panoramique spectaculaire permet d’observer, au nord des douves, le quartier Shiomi Nawate regroupant les anciennes résidences de samouraïs ainsi que le musée et la résidence de Lafcadio Hearn, au sud-ouest le lac Shinji et le batiment futuriste du Musée d’Art Moderne de la préfecture de Shimane présent sur sa rive, enfin au loin à l’est le majestueux mont Daisen. Sur la petite île de Daikon-shima à 7km au nord-est de la ville, le jardin Yuushien propose de découvrir dans un fabuleux décor naturel une grande variété de pivoines arbustives.
A 20km au sud de Matsue, se trouve le musée d’art Adachi, sa collection d’œuvres contemporaines japonaises et son exceptionnel jardin japonais contemplatif. A 35km, à l’ouest de Matsue, siège l’incontournable sanctuaire shinto Izumo Taisha, l’un des plus anciens du Japon et le plus grand après celui d’Ise.
Renseignements sur la ville de Matsue
https://fr.visit-matsue.com/
https://www.facebook.com/decouvrezmatsue
(Texte : Manuel Sanchez)
ACCÈS Depuis Tokyo (ou Kyoto), Shinkansen jusqu’à Okayama. Emprunter ensuite le train Limited Express Yakumo jusqu’à Matsue (15 arrêts). Durée totale 5h40 (ou 4h50 de Kyoto) / trajet compatible avec le JR Pass. Depuis Hiroshima, trajet en bus (2 arrêts), durée 3h10.
OFFRE SPÉCIALE Pour les étrangers, le billet de bus entre Hiroshima et Matsue ne coûte que 500 JPY (env. 4 €*) au lieu de 3900 JPY (env. 31€*) ! Disponible dans les gares de Hiroshima et de Matsue.
*Les prix peuvent varier selon le taux de change.