La région a activement participé au développement économique du pays au tournant du XXe siècle.
Pour la plupart des touristes, la préfecture de Kumamoto vaut pour sa nature, le magnifique château de Kumamoto et désormais Kumamon, mascotte créée, en 2010, pour promouvoir la région à l’occasion de l’ouverture de la ligne de train à grande vitesse sur l’île de Kyûshû (voir Zoom Japon n°42, juillet 2014), dont la notoriété a largement dépassé les frontières de la région et du Japon même. Pourtant, Kumamoto doit en partie sa réputation à son histoire industrielle. Celle-ci a laissé de nombreuses traces parfois tragiques comme à Minamata, mais toujours indélébiles dans la mémoire d’une population fière d’avoir participé au développement du pays.
Minamata, qui célébrera en avril ses 130 années d’existence en tant qu’entité administrative, est désormais connu dans le monde par la maladie dont une partie de ses habitants a été victime suite au rejet de métaux lourds dans la mer par l’usine Chisso qui y a été fondée en 1932. Aujourd’hui, l’établissement industriel, responsable de la contamination de plus de 13 000 personnes reconnues et de quelque 25 000 autres qui attendent encore une reconnaissance de leur cas, est toujours là. Il fait face à la gare de Minamata. Il est l’incarnation d’une phase de l’industrialisation de l’Archipel au cours de laquelle seuls les résultats économiques comptaient. Le prix à payer a été tellement lourd comme l’ont montré les photos des victimes prises par le Japonais Kuwabara Shisei ou l’Américain William Eugen Smith et les récits poignants de la regrettée Ishimure Michiko que le Japon a finalement revu sa politique industrielle. Il aura fallu une tragédie comme celle de Minamata pour que la prise de conscience ait lieu. Ce point noir de l’histoire locale n’est toujours pas réglé et de nombreuses personnes ne peuvent pas oublier même si les autorités vantent désormais la décontamination des lieux.