Plus au nord de la préfecture, à Arao, on ne veut pas non plus tirer un trait sur le passé industriel de la ville. Il ne s’agit pas de se souvenir de la pollution bien qu’elle n’y ait pas échappé, mais de rappeler que la cité a participé activement à la croissance du pays grâce notamment au charbon. Lorsqu’il arrive à la gare d’Arao, le visiteur est accueilli par des panneaux lui annonçant l’inscription de la fosse de Manda (Mandakô, 200-2 Haramanda, Arao. Ouvert de 9h30 à 17h, fermé le lundi, 410 yens) au patrimoine mondial de l’Unesco avec plusieurs autres sites industriels de la révolution de Meiji. Faisant partie de la mine de charbon Miike qui s’étend principalement dans la préfecture voisine de Fukuoka, la fosse de Manda dont l’activité charbonnière a cessé en 1951, mais qui a continué à être utilisée par le groupe Mitsui jusqu’en 1997, possède quelques bâtiments témoignant du rôle crucial joué par la région dans le développement du pays au tournant du XXe siècle. A la différence de la ville d’Ômuta, dans la préfecture de Fukuoka, dont le premier puits a été ouvert au XVe siècle, la fosse de Manda a été aménagée en 1899 et son exploitation a commencé trois ans plus tard, c’est-à-dire en l’an 35 de l’ère Meiji.
En s’en approchant, on saisit rapidement la raison pour laquelle le lieu a été choisi pour figurer sur la liste des sites proposés à l’Unesco. Il s’en dégage, malgré le manque d’entretien qui a précédé son inscription, une certaine puissance. Les édifices en briques rouges rappellent l’influence européenne puisque celles-ci ont été importées de Grande-Bretagne. Ils témoignent d’une époque où la région vivait surtout au rythme du charbon. Ils abritaient notamment la machinerie qui permettait aux mineurs de descendre à 268 m, au fond du puits n°2 pour en tirer ces pépites noires si importantes dans la transformation du pays. Des guides bénévoles, souvent d’anciens salariés, accompagnent les visiteurs pour une plongée de quelques minutes dans l’univers de la mine au Japon. Comme l’a écrit, en 1908, Natsume Sôseki dans Le Mineur (Kôfu, trad. par Hélène Morita avec Shizuko Bugnard, éd. Le Livre de poche), “des travailleurs, le mineur était le plus cruellement exploité”. On y a fait travailler pendant longtemps des femmes, des enfants et des prisonniers avant que l’entreprise décide au lendemain de la Première Guerre mondiale d’y mettre un terme au profit d’une main-d’œuvre plus qualifiée.