La révolution numérique
Le Japon a été à l’avant-garde du développement de nombreux produits numériques. Par exemple, en 1986, juste avant l’avènement de l’ère Heisei, Nikon a commencé à vendre le premier appareil photo reflex numérique, le Nikon SVC. Vers le milieu des années 1990, les appareils photos numériques se sont imposé auprès des consommateurs, remplaçant en grande partie les appareils photos argentiques à la fin du siècle dernier.
Sur le marché hautement concurrentiel de la télévision numérique, la norme japonaise MUSE était, jusqu’en 1990, leader parmi plus de 20 concepts techniques différents développés dans le monde entier. La première émission publique numérique haute définition (TVHD) a eu lieu lors de la Coupe du monde de football, en juin 1990. Cependant, cette norme MUSE a été mise au défi par la concurrence étrangère. Même au Japon, elle a été remplacée par la norme ISDB (2003), qui a également été adoptée par l’Amérique du Sud et les Philippines. Bien que la technologie DVD soit le résultat d’un effort de recherche collectif mené au Japon, en Europe et aux États-Unis, des sociétés telles que Sony, Panasonic et Toshiba ont contribué à son développement, en créant le standard DVD (et le premier lecteur DVD) au milieu des années 1990.
En 1994, NEC, avec d’autres sociétés étrangères, a lancé le développement de l’USB, qui est devenu un outil commun pour connecter différents types d’appareils tels que des claviers, des imprimantes, des appareils photo, des scanners, etc. En 1992, Nakamura Shûji, Akasaki Isamu et Amano Hiroshi ont également inventé le premier laser bleu efficace (LED bleue), qui est maintenant couramment utilisé dans les lampes à LED. Cela leur a valu de recevoir le prix Nobel de physique 2014.
L’industrie électronique
Au cours de l’ère Heisei, l’industrie électronique japonaise, jadis dominante, a perdu sa suprématie mondiale sur les entreprises sud-coréennes, chinoises et taïwanaises. Les lecteurs multimédias portables, les téléviseurs, les ordinateurs et les semi-conducteurs font partie des secteurs dans lesquels le Japon a perdu des parts de marché importantes. La crise économique de 2008 a encore aggravé leurs difficultés financières : Sony, Hitachi, Panasonic, Fujitsu, Sharp, NEC et Toshiba ont annoncé des pertes s’élevant à 17 milliards de dollars. En 2009, le géant coréen Samsung a enregistré des bénéfices plus de deux fois supérieurs aux bénéfices cumulés des neuf plus grandes entreprises japonaises d’électronique grand public.
Le syndrome des Galapagos
Bien que les emoji se soient imposés dans le monde entier et aient été incorporés dans la plupart des téléphones iOS et Android, les autres inventions japonaises n’ont pas connu le même succès à l’étranger, donnant lieu à une sorte d’isolationnisme technologique communément appelé “syndrome des Galapagos”.
Un exemple typique est lié aux téléphones cellulaires. Les entreprises japonaises ont tenté de lancer le système i-mode dans d’autres pays, mais les téléphones cellulaires ont rapidement été remplacés à l’étranger par le smartphone. Aujourd’hui encore, le marché local est divisé en un secteur haut de gamme (smartphones) et un secteur moyen-bas connu sous l’appellation garakei pour “garapagosu keitai”. Assez étonnamment, même les pokeberu pokeberu des années 1990 existent toujours. En fait, leur service ne prendra fin qu’en septembre 2019 !
Vu de l’étranger, la survie au Japon d’une telle technologie obsolète peut sembler étrange, mais c’est un pays où il est encore possible d’envoyer des télégrammes et où de nombreuses entreprises privilégient encore les télécopieurs au courrier électronique.
J. D.