Le dynamisme de cette voie commerciale était nourri par des établissements comme la maison Amasake-chaya et par la volonté de leurs propriétaires passionnés. Des villages-étapes, financés par le shogunat, ont été bâtis tout au long du trajet afin de faciliter le voyage et d’alimenter ce commerce. Point de départ de Hakone Hachiri, la ville fortifiée d’Odawara était incontestablement l’un des plus importants points de passage. Avec ses 90 boutiques, elle était surtout connue dans tout l’Archipel pour son kamaboko, une sorte de pâté de poisson que l’on trouve dans de nombreux plats de la cuisine japonaise. Douze enseignes, spécialisées dans sa confection, s’y sont regroupées au cours des siècles, formant ainsi la route du kamaboko! Celle-ci existe toujours grâce à la ténacité d’une poignée d’entrepreneurs. En déclin dans l’Archipel, le kamaboko rencontre une ferveur particulière à Odawara où plusieurs établissements en ont fait leur référence. “Historiquement, Odawara est un village de pêcheurs, rappelle Tashiro Moritaka. La sériole (buri) était particulièrement abondante. C’est cette économie qui a permis à la municipalité de se développer, de définir son identité également. Le kamaboko est un aliment très sain et qui se marie à merveille avec le saké.” Depuis 2014, de jeunes artisans ont créé le groupe de revitalisation de la route du kamaboko qui a pour objectif de multiplier les évènements. “Nous voulons relancer ce lieu en recréant par exemple des scènes de vie d’autrefois, de l’époque Edo et Meiji, lorsque Odawara était encore ce petit village de pêcheurs. Nous sommes convaincus que les racines d’Odawara sont sa force.”
L’histoire de la région de Hakone ne serait pas complète si l’on omettait ses fameuses sources d’eau chaude. Le tout premier établissement de bains de la station thermale aurait ouvert pendant la période de Nara (710-794) et les fameux “sept onsen de Hakone” auraient particulièrement attiré les foules, pendant la période Edo, du fait de la réputation grandissante de leurs vertus thérapeutiques. Après la restauration de Meiji, les établissements de bains se sont encore davantage développés, favorisés par des voies d’accès plus accessibles. Les propriétaires d’auberges traditionnelles ont invité les plus grands architectes du pays afin de rénover les bâtiments et de transformer certains d’entre eux en édifices en bois sur plusieurs étages. Ce fut le cas de l’auberge Bansuirô Fukuzumi qui existe depuis 1625. Elle puise l’eau de ses bains dans la plus ancienne source d’eau chaude de Hakone.
Fukuzumi Haruhiko, directeur du lieu, accepte de montrer le chemin qui mène jusqu’à la fameuse source, mais interdit en revanche de le filmer ou de le photographier. Derrière une porte en fer doublement cadenassée et qui donne accès au cœur de la roche, la chaleur de l’eau volcanique remonte déjà et chauffe les joues. “Le mieux est de descendre l’escalier et d’aller la voir de plus près”, sourit-il. Les murs du boyau sont chauds et humides alors que l’on s’approche de l’eau de cette source qui se trouve désormais à nos pieds quelques mètres plus bas. Là, dans le creux de la main, une eau qui frôle les 50°C et qui guérit les maux du corps depuis des siècles.
Johann Fleuri
Pour s’y rendre
Au départ de tôkyô, le plus simple est de prendre la ligne Odakyû au départ de Shinjuku jusqu’à Hakone-Yumoto. Pour que votre voyage reste mémorable, pensez à emprunter le train Romancecar (75 minutes, 2 280 yens), un des mythes ferroviaires nippons (www.odakyu.jp/english/romancecar).
La compagnie propose également plusieurs formules à petits prix. (www.odakyu.jp/english/passes/)