Depuis 2008, le Japon exerce une nouvelle pratique fiscale baptisée Furusato nôzei. Souvent traduite par l’expression “ville natale”, le terme furusato a en général un sens plus large. Il s’agit à la fois du lieu où l’on trouve ses racines et à l’égard duquel on manifeste un attachement sentimental. Cela peut être aussi bien un village qu’un pays. Si la ville de Mito où j’ai grandi est mon furusato, le Japon l’est aussi. Furusato nôzei a été lancé dans le but de soutenir les petites communes économiquement faibles, en donnant la possibilité aux citoyens de faire un don à leur furusato (situé dans l’Archipel) et de bénéficier dans le même temps d’une déduction d’impôt sur le revenu ou de taxe d’habitation. Dans la mesure où chacun peut faire un don au patelin de leur choix, les villes et les préfectures se concurrencent pour attirer un maximum de donateurs en leur proposant divers cadeaux en guise de remerciement : des fruits, du bœuf wagyû, des iPhone… Il y avait même une municipalité prête à offrir un terrain aux plus généreux donateurs ! En définitive, on constate que non seulement le Furusato nôzei incite les gens à agir selon la valeur des contreparties, mais aussi que plus on est riche plus on a droit à des cadeaux de valeur (qu’on peut revendre !). Mais il est clair que les communes n’ayant pas assez de budget pour proposer des avantages ne pourront pas survivre. Le système a ainsi tendance à confondre le fondamental et le secondaire. Voilà pourquoi l’Etat a enfin décidé d’établir, cette année, une loi qui interdit l’excès de cadeaux.
Salariée en France, laquelle n’est pas prête à me remercier de mes petits impôts, j’étais persuadée que, au moins, il n’était plus nécessaire de remplir une déclaration d’impôt depuis l’arrivée du prélèvement à la source. Que nenni ! Je viens d’apprendre qu’il faudra encore se battre avec les chiffres. Alors que je n’ai même pas le droit de voter pour ceux qui décident l’utilisation de mes taxes, mon furusato français restera le bar d’à côté qui m’offre des shots en contrepartie de ma fidélité !
Koga Ritsuko