Une fois acquis les éléments de base du manga, le visiteur est invité à découvrir ses différents genres. Du sport à la science-fiction en passant par l’horreur ou l’érotisme, il y en a pour tous les goûts et chacun peut ainsi comprendre que ce mode d’expression est d’une extrême richesse et que celle-ci s’exprime grâce à une variété de styles et d’approches qui ne manquent pas de surprendre. Dès lors, il est facile de saisir pourquoi le manga est bien plus qu’un simple média. La quatrième section s’intéresse justement à sa dimension sociale tandis que la section suivante se concentre sur les racines artistiques du manga, notamment avec l’univers des estampes. La sixième et dernière section explore l’avant-garde et les développements du manga dans d’autres secteurs comme celui du jeu vidéo. Entre les sections, le regard du visiteur est attiré par les grandes reproductions de personnages qui accompagnent la planche originale dont ils sont tirés. Entre un extrait de Nejishiki (La Vis, éd. Cornélius) de Tsuge Yoshiharu (voir Zoom Japon n°87, février 2019) ou de Golden Kamui (éd. Ki-oon) de Noda Satoru dont l’héroïne aïnou Ashirepa a été choisie pour illustrer l’affiche de l’exposition, on découvre quelques pépites en marge des sections déjà très bien illustrées. Il n’est donc pas étonnant que l’on passe un long moment à parcourir l’exposition tant chaque espace est utilisé pour mettre en valeur le manga. Si l’on ajoute un excellent catalogue qui ne se contente pas de reprendre son contenu, mais qui d’une certaine façon le sublime grâce à des contributions de spécialistes et des interviews de mangaka, cette visite au British Museum se justifie de bien des manières. On passe un excellent moment au milieu de ces œuvres et à bien observer le visage satisfait des visiteurs à la sortie, on comprend que les organisateurs de Manga ont réussi leur pari qui consistait à donner ses lettres de noblesse à ce mode d’expression qui, il n’y a pas encore si longtemps, était considéré avec dédain. Si cette prestigieuse institution lui accorde une place aussi importante, c’est bel et bien que le manga est devenu un art majeur. Bien qu’il s’agisse de la plus grande exposition en dehors du Japon, elle ne constitue qu’une goutte d’eau dans l’océan qu’est le manga. Ses amateurs les plus fins trouveront sans doute à redire sur certains choix. Toutefois, quand on connaît les difficultés logistiques, juridiques voire financières qui entourent l’univers du manga, on ne peut que se féliciter du résultat obtenu à Londres. Il est donc plus que recommandé de réserver son billet pour l’exposition. En effet, pour permettre de la découvrir dans les meilleures conditions, le musée régule les entrées à raison d’un accès groupé toutes les 10 minutes, ce qui permet d’en profiter pleinement et à son rythme.
Odaira Namihei
informations pratiques
pour s’y rendre, emprunter l’Eurostar au départ de Paris, Lille Europe ou Bruxelles. De la gare de Londres St. Pancras, comptez une vingtaine de minutes de marche jusqu’au British Museum (Great Russell Street, London,
WC1B 3DG).
HORAIRES : Ouverte tous les jours de 10h à 16h. Tarif : £19.50, £16 (16-18 ans), gratuit pour les moins de 16 ans. Réservation : www.britishmuseum.org/whats_on/exhibitions/manga.aspx
Catalogue : Manga, edited by Nicole Coolidge Rousmaniere and Matsuba Ryoko, éd. Thames & Hudson, The British Museum, £29.95.