Contrairement à ce qui est souvent rapporté dans la presse étrangère, le G-Cans n’est pas situé à Tôkyô, mais dans la préfecture voisine de Saitama. Cependant, il joue un rôle important dans la préservation de la sécurité publique de la capitale. Selon une étude du Centre de gestion des catastrophes, si les G-Gans n’étaient pas là pour protéger la région métropolitaine contre les catastrophes naturelles, le débordement de l’Arakawa (l’une des principales rivières de Tôkyô) pourrait submerger jusqu’à 97 stations de métro.
Comme l’explique M. Fukagawa, l’homme en salopette bleue, plusieurs fleuves traversent la plaine du Kantô (qui comprend Tôkyô et les préfectures environnantes) et se jettent dans l’océan Pacifique ou directement dans la baie de Tôkyô. Quatre d’entre eux en particulier convergent vers le bassin nord de la capitale, et deux autres – l’Ayasegawa et le Nakagawa – traversent la préfecture de Saitama. En raison de la qualité particulière de la terre, les eaux de pluie ont tendance à stagner dans cette région et les nombreux typhons qui traversent le Japon entre les mois de juillet et d’octobre provoquent le débordement de ces fleuves.
Rien qu’après la guerre, la région a enregistré pas moins de sept inondations désastreuses qui ont détruit jusqu’à 41 000 maisons. Ce phénomène a encore été exacerbé dans la seconde moitié du siècle dernier par l’impressionnant développement urbain qui a transformé cette zone rurale traditionnelle en une banlieue résidentielle gigantesque. Par exemple, alors qu’en 1955, les forêts et les zones cultivées couvraient encore 85 % de la région, absorbant ainsi une partie de l’eau de pluie, elles ont été progressivement remplacées par des routes et des bâtiments. En 2005, près de 60 % de la région était devenue une zone résidentielle.
Dans ces conditions, l’ancien système de drainage ne pouvait pas être très utile contre les typhons qui, en moyenne, peuvent décharger jusqu’à 150-200 millimètres d’eau en 48 heures. Selon le ministère des Transports, l’inondation particulièrement désastreuse de 1991 a touché une superficie de 24 710 acres et endommagé plus de 30 000 maisons. Deux ans après la catastrophe, le gouvernement a décidé de résoudre ce problème récurrent en construisant un immense canal à 50 mètres sous terre. Le canal, long de 6,3 km, coupe les principaux fleuves de la région en cinq points différents. À chacun de ces points de rencontre, ils ont creusé un énorme silo de confinement en béton de 65 mètres de profondeur, assez grand pour contenir une navette spatiale ou la Statue de la Liberté. Vu de près, ces silos ressemblent plutôt à une rampe de lancement de missiles nucléaires vue dans un film de James Bond. En fait, ils jouent un rôle fondamental pour préserver la région des catastrophes, car ils ont une capacité maximale de 670 000 mètres cubes. Toute l’eau recueillie dans ces silos est ensuite poussée vers l’est par quatre pompes de 14 000 chevaux jusqu’à son déversement dans l’Edogawa, l’un des plus grands fleuves de la région et à la frontière naturelle entre Tôkyô et la préfecture de Chiba. Le poste de pompage est le cœur de l’ensemble du système car il abrite également la salle de contrôle où toutes les opérations sont surveillées et coordonnées.