A 5 minutes en train de Shinjuku, le quartier de Nakano s’est imposé comme l’un des grands centres de l’otakisme.
Si Akihabara représente la face officielle et la plus courue de l’otakisme à Tôkyô, Nakano n’a pas grand-chose à voir, à la fois sur le plan géographique et sur le plan du tempérament. Ici tout se passe dans la discrétion, ce qui ne l’empêche pas d’attirer des milliers de férus de mangas et d’animes par la seule force de son offre. Nakano se situe à seulement cinq minutes en train de Shinjuku, mais il se distingue en tout point de son voisin opulent. Certes, il fut un temps où Nakano était à la mode et où de nombreuses célébrités en avaient fait leur QG. Dans les années 1960 et 1970, le quartier a fait l’objet d’un projet de revitalisation destiné à en faire un quartier chic. En 1966, Nakano Broadway, un complexe d’appartements de luxe sur 5 étages dotés d’un centre commercial de 3 étages a été réalisé. Le bâtiment qui avait coûté la somme record de six milliards de yens comportait un jardin et une piscine sur son toit. Puis, en 1973, le Premier ministre de l’époque Tanaka Kakuei (voir Zoom Japon n°69, avril 2017) a inauguré le Nakano Sun Plaza, un complexe culturel et de loisirs de 21 étages comprenant une salle de concert, un hôtel et une salle pour les cérémonies de mariage.
Cependant, cette embellie n’a pas duré et dans les années 1980, Nakano a progressivement été éclipsé par d’autres quartiers comme Kichijôji. C’est à peu près à cette époque que des cercles d’avant-garde dans la culture pop ont commencé à s’y installer à l’instar de la librairie TACO-ché (http://tacoche.com) qui distribuait le magazine de mangas Garo ainsi que de la littérature underground. En 1980, Furukawa Masuzô, ancien contributeur au mensuel avant-gardiste, a ouvert un magasin de mangas d’occasion à Nakano Broadway qu’il a baptisé Mandarake (www.mandarake.co.jp/shop/index_nkn.html). Cette petite boutique (seulement 6,6 mètres carrés) a eu un tel succès que de plus en plus de points de vente spécialisés dans la culture otaku ont suivi l’exemple de Furukawa, transformant ainsi Nakano Broadway en l’un des principaux centres d’activité de l’otakisme au Japon, juste après Akihabara.
La ligne Chûô divise idéalement le quartier en deux parties : la partie résidentielle endormie au sud de la gare et la partie nord très animée vers laquelle vous devez vous diriger. Traversez la place en face de la gare et dirigez-vous vers Sun Mall, une galerie marchande vitrée de 240 mètres de long, dont plus de 100 magasins vendent de tout, de la nourriture aux boissons en passant par les vêtements, les chaussures et les montres. Dès que vous quittez le centre commercial, vous verrez l’entrée de Nakano Broadway devant vous. Ne vous fiez pas aux magasins au rez-de-chaussée et dans les sous-sols qui vendent des vêtements, des montres, des médicaments, des appareils électroniques, de la nourriture, etc. Ce que vous êtes venus chercher se trouve entre le premier et le troisième étage. À ce stade, vous avez deux options : si vous n’avez pas beaucoup de temps, planifiez votre visite à l’avance et concentrez-vous sur quelques magasins. Sinon, vous pouvez simplement vous promener dans les allées, profiter de l’atmosphère unique et découvrir des plaisirs inattendus. La disposition du centre commercial est plutôt aléatoire et les couloirs ont été aménagés dans le but apparent de vous faire perdre votre chemin. Cependant, si vous n’êtes pas pressé, votre visite deviendra la plus étrange expédition de shopping de votre existence. Essayez simplement d’éviter les week-ends et les jours fériés quand il y a beaucoup de monde. N’oubliez pas non plus que la plupart des magasins (sauf indication contraire) sont fermés le mercredi.
Même si vos intérêts vont au-delà de la simple découverte et des achats, Nakano a le gros avantage que tout est à proximité de la gare et concentré dans un très petit quartier. La zone située à l’est de Sun Mall mérite particulièrement d’être explorée, car ses rues étroites remplies de boutiques et de bars ont conservé une atmosphère rétro nostalgique qui vous donnera une assez bonne idée du Japon de l’immédiat après-guerre. Pour les amateurs, voici un petit aperçu des deux principaux magasins en mesure de combler vos envies.
Mandarake (1-4F)
Ouvert tous les jours de 12h à 20h
Alors que la chaîne de magasins Mandarake, possède un magasin en sous-sol à Shibuya et un complexe de huit étages à Akihabara, Nakano est son siège principal. En effet, avec 25 boutiques différentes à Nakano Broadway, il s’agit d’une présence incontournable. Heureusement, chaque magasin est consacré à un genre différent pour que vous ne perdiez pas votre santé mentale à vous retrouver au milieu d’un million d’articles disponibles au total. Par ailleurs, c’est l’un des rares endroits à Tôkyô où le personnel parle vraiment l’anglais voire d’autres langues.
TACO-ché (3F)
Ouvert tous les jours de 12h à 20h
Alors que l’univers de l’otakisme dispose de son propre monde indépendant, où peut-on trouver les artistes d’avant-garde qu’aucun magasin traditionnel n’ose proposer dans ses rayons ? La réponse est TACO-ché. C’est le point de départ idéal pour votre exploration. Apparemment, ils disposent de plus d’un million de publications en stock sans oublier des DVD, des CD et bien d’autres produits réalisés par les maîtres underground tels que Umezu Kazuo, Maruo Suehiro et Tawaraya Tetsunori. De temps en temps, ils organisent même des expositions et d’autres événements.
G. S.