Asagaya
Bien que situé à seulement deux minutes de train du melting-pot culturel de Kôenji, le quartier résidentiel d’Asagaya est plus sophistiqué et haut de gamme avec une musique de référence plutôt jazz que punk rock. D’ailleurs, son festival de jazz annuel se déroule le dernier week-end d’octobre. Le quartier est également connu pour son enracinement littéraire avec la présence d’écrivains comme Dazai Osamu (voir pp. 6-7), Yosano Akiko ou encore Ibuse Masuji qui s’y sont installés après le tremblement de terre de 1923. Cependant, même un lieu avec autant de références haut de gamme peut difficilement échapper à la présence de la culture populaire. Par exemple, on ne compte plus les mangas, les dessins animés, les films et les séries télévisées qui y plantent leur décor.
Si l’arrondissement de Suginami a longtemps été un foyer de créativité dans le secteur de l’animation, il a perdu une partie de son attrait au cours des dernières années, car d’autres préfectures ont attiré des sociétés de production avec des réductions d’impôts et d’autres avantages. Afin de réaffirmer les liens du district avec les fans et les créateurs, un tronçon de 120 mètres de long sous la voie ferrée JR baptisé Asagaya Anime Street (AAS) y a été créé en 2014. Malheureusement, il a disparu en février, à l’expiration de son bail de cinq ans, faute d’avoir attiré suffisamment de monde. Outre les loyers élevés, les propriétaires de magasins et de cafés se sont plaints du fait que la compagnie de chemins de fer JR, qui a parrainé le projet, avait imposé des restrictions dans la conception des magasins et leur avait interdit de montrer du matériel érotique, contribuant ainsi à éloigner les amateurs masculins.
AAS a peut-être disparu, mais vous pouvez toujours visiter le quartier et vous rendre dans une autre célèbre rue commerçante couverte située juste en face de la sortie sud, Pearl Center. Cette arcade longue de 650 mètres apparaît dans la série d’animation Aquarion Logos (diffusée en France sur J-One et Anime Digital Network dans les pays francophones), mais elle est surtout célèbre car chaque année au mois d’août, elle est au cœur du festival Asagaya Tanabata. Célébré pour la première fois en 1954, il s’agit de l’un des nombreux festivals de Tanabata organisés au Japon en été, mais cet endroit vaut le détour, car outre les banderoles et les lanternes habituelles, on y présente, suspendus, de grands personnages de manga et d’anime en papier mâché.
Ogikubo
Le Musée de l’animation de Suginami (3F Suginami Kaikan, 3-29-5 Kami-Ogi. De 10h à 18h. Fermé le lundi) est sans aucun doute l’un des meilleurs musées de la capitale, et il est gratuit. Il montre sous différents angles les caractéristiques particulières de l’anime et sa fabrication. Les aspects historiques et artistiques sont expliqués dans un espace dédié au développement de l’animation japonaise et une salle d’exposition temporaire célébrant des œuvres, des créateurs et des personnages importants. Le musée offre aussi la possibilité de faire l’expérience de produire sa propre animation (que vous pouvez même enregistrer sur un CD-R ou une clé USB). Il possède également une bibliothèque bien fournie et, dernier point, vous pouvez même regarder des œuvres d’anime, soit au cinéma, soit en demandant un DVD à la bibliothèque que vous pourrez visionner tranquillement dans une cabine individuelle. Le tout encore une fois est gratuit !
Kichijôji
Un peu plus loin sur la ligne Chûô, Kichijôji est comparativement plus animé que Kôenji et Asagaya. Le quartier offre le même mélange de restaurants, bars, boutiques si populaire auprès des habitants qu’il est régulièrement élu parmi les meilleurs endroits de Tôkyô. Certains des sites incontournables de la région se trouvent au sud de la ligne, à commencer par le magnifique parc Inokashira, l’un des meilleurs endroits pour admirer les cerisiers en fleurs au printemps, à l’intérieur du célèbre musée Ghibli.
Kichijôji attire de nombreux fans qui aiment visiter les lieux qui ont inspiré certaines séries animées comme Shirobako diffusée sur la plateforme Anime Digital Network ou Great Teacher Onizuka diffusé notamment sur Virgin 17. Pour ce qui est de lieux liés à l’otakisme, le quartier avait beaucoup à offrir par le passé. Malheureusement, au cours des dix dernières années, un certain nombre de magasins de jouets intéressants ont fermé leurs portes. Actuellement, l’une des meilleures boutiques est Toy Cats Showcase (B1 1-26-4 Kichijôji Honchô, Musashino. De 12h à 20h) qui se distingue par sa spécialisation dans les objets de collection peu connus comme Microman, Micronauts et Henshin Cyborg. Les cyborgs, par exemple, sont des figurines fabriquées par Takara qui n’ont été commercialisées au Japon qu’entre 1972 et 1974. Les plus petits Microman et Micronauts figuraient parmi les jouets les plus populaires au Japon au milieu des années 1970.
Si vous vous trouvez dans la capitale dans la première moitié d’octobre, ne manquez pas le Kichijôji Anime Wonderland (www.kichifes.jp/
wonderland/index.html). Créé en 1999 pour célébrer le 100e anniversaire de la gare, ce festival propose un concours composé de jurés dont le but principal est de présenter les projets de réalisateurs d’anime prometteurs. En dehors des projections, plusieurs événements sur scène, des ateliers et des ventes de produits sont proposés. Certaines des manifestations ont lieu dans le parc Inokashira, où plusieurs sociétés y installent leurs stands. C’est également une bonne occasion de rencontrer plusieurs animateurs, acteurs et interprètes de génériques de dessins animés.
Gianni Simone