Amateurs de photographie, amoureux des chats et curieux du Japon en ont pour leur argent grâce à Neko Project.
Peut-on imaginer se rendre au Japon sans voir de chat (neko) ? Autant a-t-on plus de chance de croiser un rat qu’un matou dans les rues de Paris, autant les rues japonaises sont un territoire que les félins occupent si souvent qu’on finit par ne plus prêter attention à leur présence. Et pourtant, ils sont bien là, membres à part entière de la société japonaise, au point que des écrivains, des mangakas, des artistes en ont fait les témoins de notre monde. En partant de ce constat, Sophie Cavaliero a choisi de monter son Neko Project en faisant appel à des photographes japonais afin qu’ils témoignent de cette incroyable présence féline. D’ailleurs, il est intéressant de noter que la directrice artistique de ce projet débute son introduction avec un extrait du roman Je suis un chat signé Natsume Sôseki dans lequel l’auteur prend le point de vue du chat pour décrire l’univers qui l’entoure.
Connaissant l’intérêt des Japonais pour les chats, Sophie Cavaliero n’a pas eu grand mal à convaincre 87 photographes à participer, “formant ainsi une proposition photographique de qualité, offrant une vision variée et passionnante de notre monde”. Le livre tiré de ce projet est un must pour les amateurs de photographie, les amoureux des chats et les curieux du Japon. Les éditions iKi ont réalisé un travail remarquable en terme de qualité de reproduction, ce qui assure un véritable plaisir lorsqu’on feuillette l’ouvrage. On est transporté dans des ambiances diverses, comme celle de la maison de geisha, à Kyôto, que le photographe Ogino Naoyuki dévoile au travers de Koyuki, une petite chatte couleur neige ; ou comme celle des rues sombres de la capitale sous le regard de Nakafuji Takehiko. Ce dernier qui utilise le noir et blanc pour traquer les félins dans les ruelles de Tôkyô donne un point de vue très différent. Dans ses clichés aux contrastes très marqués qui rappellent ceux du génial Moriyama Daidô, le chat n’est plus le centre de l’attention comme c’était le cas à Kyôto. S’il semble parfois invisible, il n’en est pas moins là, observant nos faits et gestes comme des caméras de vidéosurveillance.
Ce magnifique ouvrage invite aussi à la réflexion à l’instar du Chat aux sept vies de Shirakawa Gin. Ce manga publié aux éditions Glénat peut se lire dans le prolongement de Neko Project dans la mesure où ils partagent la vedette avec les personnages humains. Ce récit fait la part belle aux chats errants si nombreux dans les cités de l’Archipel, avec une belle sensibilité. On part avec plaisir à la rencontre de Nanao et Machi qui doivent survivre dans un univers hostile, mais montrent une force de caractère finalement très humaine.
Odaira Namihei
RéférenceS
NEKO PROJECT, sous la direction de Sophie Cavaliero, Ed. iKi, 35 €. www.iki-editions.com
LE CHAT AUX SEPT VIES (GOJÛSSENCHI NO ISSHÔ), de Shirakawa Gin, trad. par Djamel Rabahi, Ed. Glénat, 7,60 €.