Lorsque je rentre au Japon, j’apprécie le fait de comprendre sans aucun effort la langue du pays. Rien que de regarder la télé devient ainsi un moment agréable, comme ce fut le cas lors de mes vacances de Noël passées chez mes parents.
Je ne connais plus, bien sûr, toutes les vedettes de la télé. J’ai été surtout surprise par le nombre de jeunes humoristes. Il s’agit de manzaishi, comédiens souvent en duo, qui présentent des scènes de manzai, des dialogues humoristiques contemporains. Il existe aujourd’hui une compétition annuelle baptisée M-1 Grand Prix, une sorte de Star Academy pour les humoristes. Une fois que les manzaishi deviennent populaires, on les voit partout, des émissions de variété au journal télévisé, sans oublier les publicités. Ce fut problématique pour moi qui n’ai pas suivi les dernières tendances. Je comprenais leurs paroles mais pas leurs codes car, contrairement à leurs homologues français qui s’intéressent à la société ou aux clichés, les manzaishi préfèrent miser sur l’absurde pour trouver des répliques cultes. Vivant en France, à force de tomber quotidiennement sur Fabrice Éboué ou Nora Hamzawi à la télé, je dois sûrement être vaccinée contre les blagues nipponnes. D’ailleurs, j’ai été surprise lorsqu’une copine tokyoïte m’a montré sur Netflix le stand-up de Gad Elmaleh sous-titré en japonais ! Ayant connu la France dans sa jeunesse, elle rigole seule de ce one-man-show devant ses deux enfants, brillants étudiants, qui, eux, s’éclatent avec un manga.
Il y a aussi des manzaishi qui sortent du petit écran et réussissent dans d’autres domaines à l’instar de Kitano Takeshi, devenu un des réalisateurs habitués du festival de Cannes, ou de Matakichi Naoki, le lauréat du prix Akutagawa 2015, équivalent du prix Goncourt. Certains politiques sont également issus de la scène comique. La place des manzaishi n’a pas de limite. Cet été, vous verrez ceux qui incarnent les relayeurs de la Flamme olympique. Sans blague !
Koga Ritsuko