Certaines personnes peuvent hésiter devant l’idée que le go soit considéré comme un sport. C’est, après tout, un jeu de stratégie. Mais au Japon, le fossé entre sports et jeux est souvent plus flou qu’en Occident. En outre, la plupart des gens ne considèrent probablement pas les jeux vidéo comme du sport, mais les sports électroniques seront inclus dans les épreuves des Jeux asiatiques de 2022 et il est même question de les inclure aux Jeux olympiques à l’avenir.
La présence d’ Umezawa en tant que conseiller technique pour la version anime de Hikaru no Go a peut-être poussé plus de gens à s’intéresser à cette discipline, mais selon les recherches de Harada Munehiko et Sogawa Tsuneo, il est difficile d’utiliser efficacement les mangas pour populariser un sport en raison de l’incertitude qui entoure son succès. En d’autres termes, il existe certainement un lien entre les titres de mangas et la popularité de certains sports, mais ce phénomène est très difficile à prévoir.
L’étude des deux enseignants de Waseda a été corroborée par des recherches menées par deux autres professeurs de la même université. Dans leur étude portant sur “l’effet du manga sportif sur les enfants”, Mano Yoshiyuki et Miyauchi Takanori ont montré que, grâce à l’énorme succès de Slam Dunk, près de 900 000 jeunes ont commencé le basket au Japon entre 1990 et 1995. Les auteurs citent également une enquête NTT COM Research selon laquelle 80 % des écoliers du primaire interrogés aimaient le sport et le pratiquaient au moins 2-3 fois par semaine, tandis que seulement 20 % d’entre eux disaient ne pas l’aimer et ne le pratiquer que quelques fois par mois.
Un important fossé générationnel (pères vs enfants) a été mis en évidence concernant l’influence des mangas sur la pratique du sport. “La plupart des personnes interrogées appartenant à la génération plus âgée ont admis que la lecture de mangas (en particulier des histoires de base-ball) était un facteur décisif pour pratiquer un sport”, notent les deux professeurs. “Cependant, leurs enfants expliquent que leurs choix sont fortement influencés par leur cercle d’amis proches et d’autres médias tels que la télévision. Ils ont également montré un intérêt pour les sports mineurs (comme la course cycliste, ou le handball) qui étaient absents chez leurs parents. Enfin, les deux générations ont convenu que l’influence des mangas était plus forte à un plus jeune âge (primaire et secondaire), mais qu’elle diminuait fortement au lycée et à l’université.”
Gianni Simone