Le relais de la flamme olympique pour les JO de Tôkyô est en train de traverser l’Archipel. Depuis que la capitale nipponne a été désignée, en 2013, pour leur organisation, plusieurs affaires ont défrayé la chronique parmi lesquelles celle mettant en cause Mori Yoshirô. Celui-ci a démissionné de son poste de président du comité d’organisation après ses propos sexistes. Je me demande encore quel était l’enjeu de la polémique. On savait tous depuis des décennies que Mori était un champion toutes catégories des gaffes et qu’il appartient à la génération pour laquelle le machisme faisait partie intégrante de la société. En février, il a affirmé publiquement que les femmes parlaient trop pendant les réunions. Or mon attention a été plutôt attirée par son expression “il y a des femmes qui wakimaeru” prononcée lors de ses excuses. Ce verbe est souvent traduit par “savoir rester à leur place”, mais il l’a employé dans le sens “comprendre la situation et se comporter comme il faut”. J’ai entendu son argument selon lequel il y a des femmes qui savent se conduire comme les hommes, en acceptant de se taire quand il le faut, tandis qu’il est souvent embêté par des personnes de sexe féminin qui, ignorant le contexte professionnel, parlent trop. Autrement dit, pendant une réunion, tout le monde doit agir, selon lui, en fonction des intentions de la direction, et pour cela, les hommes sont mieux préparés. A mes yeux, c’est un discours d’un homme sensible à la hiérarchie basée sur le confucianisme plutôt que celui d’un simple sexiste. En chassant l’homme politique de 83 ans, puissant négociateur sans transparence reflétant le Japon d’un autre temps, l’opinion publique a voulu dire non à l’ensemble du système social à l’ancienne qui règne encore dans le pays, me semble-t-il. Etant patron du comité, Mori a voulu rendre un dernier service au pays. Malheureusement, sa présence elle-même manquait de wakimaeru le changement de l’époque. Et maintenant, qui peut wakimaeru les valeurs nippones du XXIe siècle et qui est prêt à prendre le relais enflammé pour redessiner le pays ?
Koga Ritsuko