Tarô ou la chute du mur
Tarô est une petite ville de la préfecture d’Iwate où la majorité des habitants vit principalement de la mer, notamment de la pêche. Elle s’est construite autour d’un port de pêche isolé dans une baie, comme bon nombre d’autres cités portuaires de la zone de Sanriku, dans le Tôhoku. Ici, les tsunamis ou les dangers liés à la mer font partie de l’histoire populaire. En se promenant sur les collines entourant le village, on peut trouver de petits sanctuaires shintoïstes à différents endroits qui indiquent jusqu’où, dans le passé, la vague était montée si le sanctuaire lui-même n’avait pas été emporté par la déferlante. Au cours de son histoire, Tarô a été détruit à quatre reprises par un tsunami : en 1611, 1896, 1933 et 2011. Compte tenu de ses destructions répétées produites par d’énormes vagues, deux digues en forme de “X” avaient été construites pour protéger la ville. Cette digue est devenue célèbre dans le monde entier et constitue un prototype parfait de “construction artificielle pour lutter contre les tsunamis”. Ce mur, long de 2,4 kilomètres et haut de 10 mètres, connu sous le nom de Banri no Chôjô (“Grande Muraille de Chine” en japonais), était en mesure d’arrêter un tsunami de 8 mètres. Malheureusement, triste illustration de l’impuissance humaine à contrôler la nature, Tarô a été frappé par un tsunami entre 12 et 15 mètres le 11 mars 2011. La puissance naturelle de la vague a alors arraché à 500 mètres de distance certaines parties de la Banri no Chôjô. Confiants dans la protection offerte par cette digue, certains des habitants de la ville sont montés dessus ce jour-là pour “regarder la vague” arriver. 181 personnes sont mortes ou disparues.
Quatre ans après le tsunami, le 22 novembre 2015, une cérémonie s’est tenue à Tarô pour célébrer l’achèvement de 450 nouvelles maisons. Celles-ci ont été construites entre 40 mètres et 60 mètres au-dessus du niveau de la mer. Juste après, y a commencé la construction de la “Grande digue du Japon”, un grand mur haut de 14,7 mètres afin de fermer la baie et de protéger Tarô d’un autre tsunami. A côté du terrain de baseball municipal où s’entraînent de jeunes enfants, l’ancienne protection partiellement détruite est toujours présente. Certaines parties ont été rénovées, d’autres sont utilisées comme “mémorial” pour montrer à quel point elle a été inutile contre la puissance de la vague qui a déferlé sur la ville portuaire en ce froid vendredi après-midi de mars 2011.