Dans la conversation japonaise, je remarque de plus en plus que les gens emploient le terme oshi pour exprimer leur passion, dans un sens fanatique, notamment lorsqu’ils évoquent leurs idoles. On dit par exemple “Mon oshi est le meilleur !”. Formé du verbe classique osu (推す) signifiant “recommander”, le terme a été (ré)inventé au début des années 2000 et utilisé seulement entre les otaku ou les passionnés de groupes d’idoles. Plus précisément, l’expression oshi-men est apparue en premier pour désigner le membre préféré d’un de ces groupes à l’instar d’AKB48.
J’ai longtemps été persuadée qu’il venait d’un autre verbe osu (押す), plus courant et signifiant “pousser”. En écoutant quelqu’un dire oshi, je le comprenais comme s’il “poussait” sa vedette vers la réussite. Ce n’est que cette année, en février, que je me suis rendue compte de mon erreur, après avoir compris l’histoire du roman de la jeune auteur, Usami Rin, lauréate du dernier prix littéraire Akutagawa. Intitulé Oshi, moyu, il raconte l’histoire d’une lycéenne qui fait une dépression à la suite d’un scandale dans lequel est impliqué son oshi, membre d’un groupe musical. Désormais, j’ai l’impression que cette expression populaire oshi a gagné une reconnaissance “officielle” et que l’on peut se permettre de l’utiliser sans faire partie d’une communauté spécifique. En ce qui me concerne, je n’ai pas d’oshi et je n’ai que des personnes ou des choses que j’apprécie beaucoup. Mon oshi au sens original de recommandation pour 2021 est sans doute Tora-san. En attendant la publication du livre Le Japon vu par Yamada Yôji, un livre sur l’oshi-cinéaste signé Claude Leblanc, le fondateur de Zoom Japon, j’ai regardé les 50 films de la série Otoko wa tsurai yo. En effet, aujourd’hui je connais mieux mon pays qu’avant ! Comme quoi l’art du oshi peut mettre en valeur une culture ! Ça vaut le coup de faire des oshi-katsu (activités pour favoriser son oshi) !
Koga Ritsuko