Le Japon aura vécu un bouleversement politique. A l’issue des élections sénatoriales, alors que le pays était sous le choc de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Abe Shinzô, est apparu un nouveau type d’élu à la Chambre haute. Il s’agit d’un homme qui a fait sa campagne uniquement sur Internet, notamment via YouTube, depuis Dubai. Son engagement public est de faire 47 bakuro, de mettre en cause des célébrités et des hommes politiques. Composé des kanji baku désignant la violence et ro qui signifie « dévoilé », bakuro veut dire « révéler », le YouTuber étant prêt à le faire « sans pitié » et autant de fois qu’il y a de préfectures au Japon. Il ne cache pas son propre passé sombre et, selon lui, s’il remet les pieds dans l’Archipel, il risque d’être arrêté ou chassé par des nervis. Bakuro en ligne constitue son seul moyen de survie et, sa chaîne YouTube a enregistré plus d’un million de followers en deux mois. Cet homme de 50 ans a gagné des voix grâce à sa franchise et à ses discours grossiers, mais « faciles », en pointant du doigt ses « ennemis » définis comme le mal social. Ça me rappelle la victoire de Trump lors de la présidentielle de 2016 aux Etats-Unis. Pourtant, ils ont été tous les deux élus démocratiquement et, au Japon, aucune loi ne peut empêcher ce YouTuber de représenter le pays. Au milieu de cette polémique, le gouvernement Kishida a annoncé l’organisation de kokusô, des obsèques nationales, pour l’ancien Premier ministre Abe alors que, depuis 1975, aucun homme politique n’y a eu droit. Parce que la mort de celui-ci a été plus dramatique que celle des autres ? Ironiquement, cette tragédie a fait un effet de bakuro sur la relation étroite entre son parti, le PLD, et la secte Moon. Actuellement, une pétition en faveur d’une commutation des charges à l’encontre du tueur est en cours, car il est considéré comme une victime des croyances de sa mère qui a sacrifié toute la fortune familiale à la secte coréenne. Qu’est-ce qui arrive à mon pays ?
Koga Ritsuko