Je suis récemment retournée au Japon pour y passer plus d’un mois. Avant mon départ, je comptais séjourner quelques jours à Tôkyô comme j’en ai l’habitude. Mais j’ai dû y renoncer car les prix des hôtels avaient triplé par rapport à il y a un an ! Vu que ce phénomène ne concernait que le centre de la capitale, on peut supposer que c’est la loi de l’offre et de la demande qui en est la cause, plutôt que la guerre en Ukraine. En effet, suite au retour des touristes étrangers en masse après la pandémie, et à la distribution de coupons “Soutien national aux voyages” auprès des Japonais, les commerces en ont bien profité pour augmenter leurs tarifs. Heureusement, les prix en province sont encore raisonnables : à Ishinomaki, ville du nord-est du pays où je suis restée, j’ai pu loger pour 300 €/mois tout compris dans un joli appartement partagé, soit le prix d’une nuit d’hôtel trois étoiles à Shibuya. Je ne regrette pas mon choix.
Depuis près de dix ans, l’Etat japonais accorde une importance particulière à ses chihô, qui signifie à la fois “régions” et “provinces”, en mettant en place le défi de chihô sôsei. Littéralement traduite par “revitalisation régionale”, cette mesure est là pour encourager le développement des villes de province en déclin démographique, tout en évitant la concentration excessive de population dans la métropole de Tôkyô. De nombreux acteurs du troisième secteur provincial proposent de financer une partie des frais d’installation des nouveaux habitants, tandis que d’autres créent des logements à faible coût, comme c’est le cas à Ishinomaki. En attendant de voir les fruits du chihô sôsei, en mars dernier, l’agence pour les Affaires culturelles a été enfin transférée à Kyôto, ce qui est un grand pas vers une plus grande décentralisation (malgré le choix de la ville qui est une ancienne capitale). Reste à veiller à ce que les futures chihô sôsei ne provoquent pas des hausses de prix dans tout le pays, afin que je puisse toujours y voyager tranquillement.
Koga Ritsuko