En 2015, l’Etat japonais a mis en place un numéro d’identification délivré à chaque habitant, y compris aux étrangers titulaires d’un justificatif de domicile. Relié au système de sécurité sociale et fiscal, ce numéro à 12 chiffres est connu sous le nom mainanbâ, inspiré de l’anglais “my number”, plus populaire que l’appellation japonaise, kojinbangô.
Malgré ma nationalité japonaise, aucun numéro ne m’est attribué car ma vie est liée à l’administration française et ce système est apparu bien après mon installation en France. Tant mieux, car mainanbâ ne suscite pas mon intérêt… C’est ce que je croyais. En quelques années, bien qu’un grand nombre de Japonais n’apprécient pas l’idée de se voir numéroter dans un pays où la carte d’identité n’existait pas, mainanbâ est devenu incontournable. Aujourd’hui, privé de ce numéro, on ne peut plus ouvrir un compte bancaire au Japon, ni transférer l’argent laissé dans son compte existant vers celui à l’étranger, ce qui cause de plus en plus d’ennuis financiers à mes compatriotes en France.
Le projet national continue à avancer à grands pas. Plus que jamais, l’Etat recommande vivement à tous les résidents d’obtenir leur mainanbâ kâdo (my number card) avec SIM intégré. Le ministère de la Transformation numérique a lancé, en 2022, une promotion en offrant des points utilisables pour un montant équivalent à environ 140 € maximum à tous ceux qui demandaient la délivrance de la carte, à l’instar des campagnes commerciales menées par des sociétés de services de paiement. A cette occasion, beaucoup de citoyens en ont profité et sont passés sous contrôle centralisé sans se méfier. A partir de 2024, cette “carte magique” remplacera la carte vitale et sera aussi reliée au permis de conduire. Les expatriés japonais y auront droit ! Pratique ? Certes, mais en échange, on ne vivra plus sans la carte. En attendant, je dois bientôt renouveler ma carte de résident française, celle qui n’offre pas de cadeau.
Koga Ritsuko