Julien Peltier est l’auteur de Sekigahara dont la version en format poche est parue, en janvier, chez Alpha. Ce formidable récit historique permet à la fois de comprendre l’enjeu de la bataille et son déroulement.
En voici un extrait :
“Sur un geste de leur général, les estafettes aux plumets ou capes distinctifs éperonnent leurs montures, et se portent à bride abattue en première ligne afin d’y délivrer les ordres. Au son des conques et tambours, les officiers gagnent leurs postes et arrangent leurs hommes en ordre de bataille. Bien souvent, les frondeurs sont les premiers à entrer en lice. Les pierres pèsent ainsi d’un poids significatif sur le nombre de pertes. Puis un écran de tirailleurs, doublé d’un rideau d’arquebusiers et d’archers, décharge une salve de projectiles afin d’éclaircir les rangs ennemis. Les tireurs se tiennent debout ou accroupis, voire à plat ventre, la mèche enroulée autour du poignet, et n’ouvrent le feu qu’à quelques dizaines de mètres de leur cible.
Puis les piquiers, qui constituent le gros des forces, se ruent à l’assaut en perçant l’aveuglant nuage d’âcre fumée de poudre qui enveloppe la ligne de front. (…) Parvenus au contact, les ashigaru usent de leur arme comme d’une dague emmanchée au bout d’une hampe démesurée, cherchant à frapper de taille ou d’estoc au défaut de la cuirasse, en particulier à la gorge et au visage. Si le manche vient à se briser, le fantassin dégaine son sabre et poursuit le combat tant bien que mal. La mêlée est sanglante.”