Dans un pays soumis aux caprices de la nature, il convient d’avoir des vivres adaptées aux situations critiques.
Le nouvel an a commencé comme un mauvais film pour le Japon, avec un séisme de grande ampleur qui a touché la région de Noto (voir Zoom Japon n°114, octobre 2021). Dans le froid, de nombreux hameaux n’ont pu être secourus, à cause de routes coupées…
Les Japonais, habitués aux catastrophes naturelles qui touchent régulièrement l’archipel, se munissent pour la plupart d’une “alimentation adaptée aux cas d’urgence” ou hijôshoku. Un service hautement développé pour rendre les situations d’urgence plus “humaines”, et aussi parce qu’il y a une demande stable, car non seulement les foyers individuels, les municipalités, les lieux publics comme les écoles ou les hôpitaux, ou même les entreprises les réapprovisionnent régulièrement. Autrefois, les choix étaient limités, mais aujourd’hui, il existe un large répertoire de produits adaptés aux besoins de chacun. Par exemple, pour ceux qui ont des allergies, les allergènes sont souvent clairement indiqués, tantôt en japonais et mieux parfois en pictogrammes pour les étrangers, et de nombreux produits évitent d’utiliser les 28 allergènes principaux. Il existe parfois des produits sans gluten, végétaliens, halals, etc.
La plupart des hijôshoku se conservent aujourd’hui 5 ou 6 ans, parfois allant jusqu’à 25 ans. La tendance des contenants est d’opter plutôt pour des sachets au lieu de boîtes en métal pour ne pas générer trop de déchets, car après une catastrophe, le service de collecte des ordures peut bien sûr s’arrêter pendant un moment. Par ailleurs, il y a aussi des produits de petites portions, adaptés aux enfants et aux femmes, car lors de coupures d’électricité, les restes de nourriture peuvent s’abîmer très vite.
C’est encore rare, mais les produits sans additifs commencent à faire leur apparition, ainsi que les éléments nutritifs équilibrés, ou avec des descriptions en quatre langues… Il existe même du lait liquide pour les nourrissons qu’on peut servir lorsqu’il n’y pas d’eau potable, qui se conserve pendant 14 mois à température ambiante.
Certes au Japon, en cas de catastrophe naturelle, on ne mourra pas de faim, mais en cas d’urgence la situation devient vite beaucoup moins “inclusive”, et ceux qui ont des régimes alimentaires strictes pour des raisons de santé ou de religion se retrouvent face à une certaine difficulté. Pour les étrangers qui ne comprennent ou ne lisent pas forcément la langue, une autre difficulté s’y ajoute. Plusieurs municipalités sont aujourd’hui conscientes de la présence d’habitants étrangers dans leurs communes, mais mieux vaut aussi être équipé des hijôshoku chez soi.
Le ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche conseille aux habitants de préparer au moins trois jours de nourriture et d’eau, et même une semaine si possible. Il est préférable de choisir des produits que l’on peut conserver longtemps, acheter plusieurs variétés pour ne pas souffrir d’une monotonie du goût, se munir de produits qu’on connaît bien et qui ne génèrent pas beaucoup de déchet. Si vous comptez faire un séjour au Japon au-delà d’une certaine durée, c’est malheureusement un investissement nécessaire, une chose à prévoir, car personne n’est à l’abri nulle part…
Sekiguchi Ryôko