Comme dans d’autres pays, il faut choisir entre boire et conduire, mais pour le reste il existe une certaine permissivité.
On dit souvent que les Japonais sont indulgents vis-à-vis de la surconsommation d’alcool et qu’il n’est pas rare d’apercevoir des salarymen (terme qui désigne au Japon les cols blancs, employés ou cadres non-dirigeant d’une entreprise) complètement ivres dans les rues ou les trains. En effet, les Japonais ont pendant longtemps considéré qu’il était naturel de finir “bourrés” après une soirée, et ils étaient d’ailleurs étonnés de constater que cela n’était pas le cas en Occident. Chaque pays ayant sa propre législation en ce qui concerne la consommation d’alcool dans les lieux publics, il est toujours utile de savoir ce qui est permis au Japon.
Il n’existe pas de loi qui interdit la consommation d’alcool dans les lieux publics ; ni dans les parcs, ni à la plage, ni dans les rues. Mais les municipalités qui gèrent ces lieux peuvent imposer certaines restrictions, c’est pourquoi il y a des jardins où l’on peut parfois faire le hanami (s’adonner à la contemplation des fleurs de cerisier, en général lors d’un pique-nique, voir Zoom Japon n°79, avril 2018) en buvant de l’alcool, et parfois non. Mieux vaut donc vérifier avant !
Il est évidemment strictement interdit de consommer de l’alcool en conduisant. Toutefois, il est parfaitement légal de boire à l’intérieur d’une voiture si celle-ci est stationnée et son moteur éteint. Cette règle précise répond à une réalité : un nombre croissant de personnes choisissent de passer la nuit dans leur camping-car ou leur voiture afin de ne pas payer de chambre d’hôtel – et parfois même de loyer lorsqu’ils y vivent de manière permanente. Ces véhicules sont donc souvent garés dans des lieux publics (parkings ou aires de repos), mais leur habitacle est considéré comme un “espace privé” où la consommation d’alcool est autorisée.
Il n’est pas illégal de boire dans les trains (ni même dans le métro !) mais les Japonais se l’interdisent par un accord tacite ; ils s’autorisent juste à ouvrir une canette de bière pour accompagner leurs ekiben (Zoom Japon n°34, octobre 2013) dans les trains longue distance comme le Shinkansen à condition qu’ils ne se trouvent pas à côté d’enfants en bas âge ou d’écoliers. Cette coutume viendrait de l’époque où les trains étaient plus lents et que l’on devait prendre ses repas pendant le voyage. Durant la crise sanitaire, la vente d’alcool dans les restaurants et les trains a été suspendue mais, sur certaines grandes lignes, les vendeuses passent à nouveau dans les wagons en proposant des boissons parfois alcoolisées. Ce qui est un peu étrange vu qu’il est interdit de fumer, de téléphoner mais aussi de monter dans le train sans avoir payé un supplément pour sa valise (sous peine d’amende). Mais cela ne doit pas être sans lien avec cette société qui juge qu’un homme qui boit – puisque très souvent ce sont des hommes – est moins dérangeant qu’une femme qui prend le train avec une poussette. En effet, selon une enquête, 40 % des personnes interrogées trouvent les poussettes gênantes en cas d’affluence…
Sekiguchi Ryôko