Entre ressorties et nouveautés, les films japonais occuperont les écrans français au cours des deux prochains mois.
Si la météo ne vous permet pas de prendre votre canne à pêche, ne manquez pas de vous rendre dans une salle de cinéma pour passer un bon moment et profiter d’une programmation très japonaise, composée de films inédits et de reprises qui ont marqué l’histoire du 7e Art.
A ce propos, notons le retour sur nos écrans des Sept samouraïs (Shichinin no samourai) de
Kurosawa Akira dans une version 4K présentée dans son découpage original, c’est-à-dire avec un entracte, telle que les Japonais de 1954 avaient pu la voir lors de sa sortie. Marquant à de nombreux égards, ce chef-d’œuvre se savoure à chaque plan à la fois au niveau de sa composition maîtrisée au millimètre près et de l’interprétation magistrale des acteurs, en particulier Takashi Shimura et Mifune Toshirô dont le jeu est magistral. A l’apogée de sa période humaniste, Kurosawa signe un film puissant et dynamique qui constitue indéniablement un sommet dans sa carrière.
Typhoon Club (Taifû kurabu, 1985) de Sômai Shinji est assurément le premier chef-d’œuvre de ce cinéaste à la carrière fulgurante dont le distributeur Survivance, toujours à la manœuvre cette année, nous avait permis de revoir Déménagement (Ohikkoshi, 1993) l’an passé. Dans son cinquième film, Sômai nous embarque dans une réflexion sur la jeunesse et le Japon des années 1980, celui de la Bulle financière, mais dans une petite cité rurale vivant à l’écart de la folie consumériste stérile qui s’est alors emparée du pays. Profitant de l’approche d’un typhon, un groupe de collégiens reste confiné dans leur établissement et profite de cette situation pour remettre en question leur existence. S’appuyant sur la fougue de ses interprètes, le réalisateur filme une parenthèse folle pour ces jeunes et tout aussi puissante que le phénomène météorologique au sein duquel évoluent les protagonistes. Au détour des dialogues, il évoque tous les maux du Japon de cette époque que les grands studios évitaient d’aborder de front.
Katô Takuya, réalisateur de La Mélancolie (Hotsureru, 2023), explore lui aussi l’âme japonaise près de 40 ans plus tard. Il n’est plus question d’observer une jeunesse “extravertie”, mais d’accompagner les tourments de Watako (Kadowaki Mugi) après la disparition brutale de son amant. Au-delà de l’intérêt que représente le cheminement intérieur du personnage principal de cette histoire, on se plaît à découvrir combien la société japonaise a évolué. On avait déjà pu en prendre la mesure dans The Housewife (Reddo, 2020) de Mishima Yukiko, film également distribué par Art House. Avec La Mélancolie, Katô donne quelques clés pour appréhender l’état d’esprit qui règne au sein du Japon actuellement.
Avec Pompo the Cinephile (Eiga Daisuki Pompo-san, 2021) de Hirao Takayuki, le ton est beaucoup plus léger. Ce film d’animation un peu fou est une ode au 7e Art et à la nécessité pour chacun de croire en ses rêves pour les accomplir. Autant dire que vous ne vous ennuierez pas au cinéma cet été.
Odaira Namihei
Informations pratiques
Les Sept samouraïs, Typhoon Club et Pompo the Cinephile : 3 juillet. La Mélancolie : 14 août.