Depuis la France, où je réside actuellement, je continue à suivre l’actualité japonaise principalement par obligation professionnelle. Autrefois, je portais peu d’attention aux évolutions de l’Archipel ni à l’économie asiatique en général. Comme beaucoup de Japonais ayant vécu sous l’ère Shôwa (1926-1989), j’ai longtemps gardé en tête l’image d’un Japon solidement établi comme deuxième puissance économique mondiale, tandis que le reste de l’Asie semblait encore en pleine phase de développement. Cependant, à un moment donné, des amis entrepreneurs japonais m’ont tous conseillé de regarder vers Taïwan pour faire des affaires. Taïwan ? Vraiment ?
Effectivement, je ne connais presque rien à son égard… Je ne cherchais même pas à savoir si Taïwan était un État indépendant. Ma vision se limitait à la simple provenance des produits étiquetés “Made in Taiwan” A part ça, j’entends souvent dire que les Taïwanais sont shin’nichi, c’est-à-dire qu’ils auraient une sympathie particulière envers le Japon, à l’inverse des han’nichi qui nourrissent des sentiments antijaponais. Mais est-ce vrai ? Certains médias disent que cette sympathie remonte à la période où le Japon occupait Taïwan, de 1895 à 1945, en soulignant que nos compatriotes auraient “aidé” au développement de l’île. Il est flatteur de penser ainsi, mais l’histoire se résume-t-elle vraiment à cela ? (Certains qualifieraient déjà cette réflexion de han’nichi !)
De nos jours, nous avons tendance à simplifier les idées, à réduire les individus en catégories binaires comme shin’nichi ou han’nichi, à l’image de la “droite” ou “gauche”. Il m’arrive aussi de lire et d’entendre des propos tels que “la France est un pays shin’nichi” ou “Méfiez-vous des médias han’nichi qui dévoilent les aspects sombres du Japon, ils sont alliés des Chinois ou Coréens”.
Enfin, pour mieux comprendre où en est le Japon dans ses relations avec Taïwan, je lirai ce numéro de Zoom Japon par curiosité personnelle, et non par obligation professionnelle !
Koga Ritsuko