Comme elle en a l’habitude, Brigitte Koyama-Richard publie une belle étude sur l’un des maîtres de l’estampe moderne.
Quel sera le thème du prochain livre de Brigitte Koyama-Richard ? Cette question s’impose chaque année à l’approche des fêtes de fin d’année, car c’est à peu près à cette période que la spécialiste de l’art japonais nous régale de son travail de recherche et d’exploration de certains pans encore méconnus en France. En proposant en cette fin d’automne d’aller à la rencontre de Kawase Hasui, l’universitaire nous entraîne dans l’univers des shin hanga, “les nouvelles estampes” polychromes et imprimées en xylographie qui apparurent au début du XXe siècle. L’artiste en fut l’un des plus grands représentants. Il suffit de feuilleter les quelque 250 reproductions regroupées dans ce magnifique ouvrage pour se convaincre de la qualité de son travail.
Comme il se doit et comme l’auteur nous a habitués au fil de ses publications, notamment aux Nouvelles Editions Scala, le livre raconte l’histoire et le parcours de l’artiste afin que le lecteur puisse prendre la mesure de son importance dans l’histoire de l’art japonais. Alors qu’il manifestait un intérêt soutenu pour le nihonga, Kawase Hasui dut entreprendre à contrecœur l’apprentissage de la peinture occidentale sur les conseils du grand maître du nihonga, Kaburaki Kiyokata, qui le jugeait trop âgé pour se lancer dans la peinture traditionnelle japonaise. Il finit toutefois par en devenir l’un des disciples et à faire la démonstration de son talent.
Sa rencontre avec l’éditeur Watanabe Shôzaburô, à l’origine de la création des shin hanga, va transformer son existence, car celui-ci mesure immédiatement la valeur de cet artiste en voyant ses premiers dessins dont il dit : “Mais ce sont déjà des estampes !”. Les trois premières estampes qu’il réalise dans la foulée sont considérées comme “résolument nouvelles et différentes” et rencontrent un succès immédiat. Brigitte Koyama-Richard nous entraîne avec la précision qui est la sienne dans les pas de Kawase Hasui dont la passion pour les paysages l’amène à sillonner l’archipel pour en ramener des instantanés riches de leur diversité.
“Voyageur infatigable, il parcourut inlassablement son pays à la recherche de paysages originaux, désireux de nous faire partager la beauté intemporelle de ses côtes et de ses montagnes”, souligne la spécialiste française. Il en “émane le charme nostalgique des paysages des grands maîtres de l’époque d’Edo et la beauté fragile et éphémère de la nature au fil des saisons”. Dès lors, la lecture de cet ouvrage nous transporte littéralement dans le temps, mais aussi dans des univers remplis de poésie face auxquels il est difficile de ne pas apprécier la profondeur. En parcourant ce bel ouvrage où la qualité des reproductions est à souligner, on répond à une invitation au voyage sans bouger de son fauteuil.
Gabriel Bernard
Référence
Kawase Hasui, le poète du paysage, de Brigitte Koyama-Richard, Nouvelles Editions Scala, 2024, 49,90 €.