Second film d’Okuyama Hiroshi, My Sunshine s’interroge sur l’enfance face à certaines réalités sociales.
Fruit d’une production franco-japonaise, My Sunshine, film d’Okuyama Hiroshi, a été présenté en sélection Un Certain regard au festival de Cannes 2024, ce qui lui donne un certain vernis. Ce second long-métrage pour le jeune réalisateur, dont on avait salué, en 2018, la première œuvre intitulée Jésus (Boku wa iesu-sama ga kirai), est une nouvelle tentative d’aborder le monde de l’enfance, en particulier ce moment si particulier du passage à l’adolescence. A la manière d’un Kore-Eda Hirokazu ou d’un Iwai Shunji qui ont déjà salué son travail, il l’explore avec délicatesse en jouant sur la lumière et la technique, lui permettant de bâtir un beau film sur le plan esthétique.
En revanche, on peut lui reprocher d’avoir écrit un scénario cousu de fil blanc, ce qui ne manque pas d’affaiblir quelque peu son propos. L’histoire est celle d’un trio composé autour de Takuya (Koshiyama Keitatsu), un élève timide et bègue, de Sakura (Nakanishi Kiara), patineuse prometteuse et d’Arakawa (Ikematsu Sôsuke), entraîneur de cette dernière, qui va prendre sous son aile le premier pour l’amener à créer un couple de patinage artistique avec la seconde. Doux rêveur et peu enclin à se mobiliser comme ses camarades dans des sports masculins comme le hockey sur glace, Takuya tombe sous le charme du patinage artistique à force de voir Sakura s’épanouir dans ce sport.
Repéré par Arakawa qui l’observe, il se prend au jeu et finit par progresser au point que l’entraîneur parvient à convaincre la jeune patineuse de s’associer à Takuya pour se présenter à la compétition régionale, passage obligé avant d’envisager des compétitions plus ambitieuses. Alors qu’a priori rien ne les dispose à s’unir, les deux jeunes adolescents réussissent à s’entendre et à former un couple de danseurs que même les autres enfants, jusque-là moqueurs, finissent par applaudir. Tourné à Hokkaidô (voir Zoom Japon n°78, mars 2018) dans des paysages enneigés et glacés magnifiques, le film met d’abord en évidence la capacité que peuvent avoir les plus jeunes d’entre nous à surmonter leurs différences en s’appuyant sur le simple ressort de l’amitié jusqu’au moment où l’amour naissant aussi à cet âge bouleverse l’ordre des choses.
Pour introduire cet élément perturbateur, Okuyama Hiroshi a choisi de s’appuyer sur l’homosexualité de leur entraîneur dont Sakura est témoin un jour par hasard. Sans doute amoureuse comme on peut l’être à cet âge de son entraîneur, cette prise de conscience bouleverse le destin des deux jeunes patineurs, mais aussi celui d’Arakawa à partir de l’instant où la jeune fille ne veut plus travailler avec lui, estimant à tort que l’intérêt qu’il avait manifesté pour Takuya était lié à son inclinaison sexuelle. C’est là où le cinéaste montre sa faiblesse, car la réaction de Sakura était attendue. Cela n’empêche pas le film d’être agréable à voir dans la mesure où il joue également sur le passage des saisons qui annonce une autre qui reste à écrire.
G. B.
Référence
My Sunshine (Boku no Ohisama), d’Okuyama Hiroshi, avec Ikematsu Sôsuke, Koshiyama Keitatsu, Nakanishi Kiara. 2024. 1h30. Couleurs. Dans les salles, le 25 décembre.