Ces dernières années, j’entends souvent le terme torisetsu, qui n’existait pas quand j’habitais encore au Japon : “Torisetsu d’un nouveau jeu vidéo”, “Torisetsu de la sécurité sociale”, “Torisetsu des ados”, etc. Il m’était impossible d’en deviner le sens et j’ai dû le chercher sur Internet. Il s’agit en fait de l’abréviation de toriatsukai setsumeisho, ce qui signifie “mode d’emploi”. J’ai découvert que cette expression existait déjà avant 2012, année où elle a été officiellement inscrite dans le dictionnaire japonais. Le terme peut s’écrire de deux façons : en kanji abrégé, qui reste neutre et pratique, et en katakana, qui paraît plus pop et familier. Cette dernière forme a d’ailleurs été popularisée en 2015 par la chanson du même nom de Nishino Kana. Ses paroles, écrites du point de vue d’une jeune femme qui s’adresse à son petit ami, constituent une sorte de mode d’emploi d’elle-même : “Si tu me complimentes régulièrement, je durerai plus longtemps. Remarque aussi les petits changements, comme de jolis ongles…” Depuis, torisetsu est utilisé dans différents contextes. Une série de guides consacrés aux 47 départements, intitulés Torisetsu de Hokkaidô, de Tôkyô, d’Ôsaka, etc., a, par exemple, rencontré un franc succès.
Pour ma part, voici un extrait de mon tori-setsu original des Japonais destiné aux Français : 1. Ne pas joindre les paumes en nous saluant ou en nous remerciant : ce geste appartient plutôt à d’autres cultures d’Asie du Sud. Nous, les Japonais, ne ferons pas de remarque, mais nous risquons de nous sentir un peu ridiculisés. 2. Limiter les monologues : lors d’une conversation, évitez de parler seul(e) trop longtemps, chose fréquente chez vous, les Français. Si nous ne vous interrompons pas, ce n’est pas forcément parce que nous sommes fascinés : c’est simplement par politesse. On ne coupe pas la parole !
J’ai aussi un torisetsu original des Français. Je l’écrirai le mois prochain sur le site de Zoom Japon (le magazine étant désormais bimestriel…) !
Koga Ritsuko