En salles le 6 septembre, Dans un recoin de ce monde confirme l’immense talent du réalisateur. Le film japonais de l’année.
Après six années difficiles, Katabuchi Sunao a finalement réussi à sortir Dans un recoin de ce monde (Kono sekai no katasumi ni). Outre les excellentes critiques et l’engouement du public, le film a été nommé meilleur film de l’année par le magazine Kinema Junpô, équivalent des Cahiers du Cinéma et a obtenu, en juin, le Prix du jury au Festival international du film d’animation d’Annecy.
Pourquoi avez-vous décidé d’adapter au cinéma le manga éponyme de Kôno Fumiyo ?
Katabuchi Sunao : Je pense que nous partageons la même approche de l’histoire. Kôno-san n’enjolive jamais ses histoires, mais cherche à coller à la réalité. Je suppose que ce que j’aime le plus dans cette histoire, c’est qu’elle détaille le quotidien des personnages. Après avoir lu le manga, j’avais la sensation d’avoir rencontré un parent éloigné dont je ne connaissais pas la vie. On sent bien que cette histoire a nécessité beaucoup de recherches. C’est exactement de cette façon que j’aime travailler sur un projet. Lorsque j’ai rencontré Kôno-san, elle m’a dit que son éditeur lui avait proposé un certain nombre de fins différentes, notamment la fin tragique de l’héroïne Suzu-san, mais elle les a toutes rejetées pour rester fidèle à son idée initiale.
L’une des raisons pour lesquelles vous n’arriviez pas à trouver de financement au début était liée au fait que tout le monde pensait que l’histoire n’était pas assez dramatique.
K. S. : C’est vrai (rires). Lorsque j’ai rencontré Kôno-san pour la première fois, elle m’a dit : “Vous êtes l’auteur de Meiken Lasshi [Lassie, le célèbre chien, série télévisée de 26 épisodes diffusée en 1996, inédite en France], n’est-ce pas ?” Elle m’a avoué l’avoir vu quand elle se lançait dans le manga, et qu’elle avait cherché à reproduire la même approche de la vie quotidienne dans son propre travail. En entendant cela, j’ai été convaincu que nous étions sur la même longueur d’onde.
Comment s’est passé le travail avec elle ?
K. S. : Je lui ai écrit pour la première fois au cours de l’été 2010, mais je ne l’ai rencontrée que dix mois plus tard. En attendant, j’ai commencé les travaux de recherche, en vérifiant les lieux qui figurent dans l’histoire. C’est pourquoi, lorsque nous nous sommes finalement rencontrés, j’ai pu lui poser des questions très précises, comme sur l’emplacement exact de la maison de Suzu à Kure. Dès le début, nous avons été efficaces.