Il y a encore peu de temps, lorsqu’on s’adressait à Zomahoun Rufin, il était de rigueur de l’appeler “excellence”. Rien de plus normal puisqu’il représentait le Bénin au Japon en tant qu’ambassadeur. Malgré cette position, l’homme a toujours gardé une simplicité et une ouverture d’esprit liées à un parcours pour le moins atypique pour un diplomate. Arrivé au Japon en mars 1994 après six années passées en Chine, où il est devenu “le premier sinologue africain du sud du Sahara”, il a d’abord fait carrière à la télévision japonaise. Repéré par un assistant de Kitano Takeshi, il devient un invité régulier de l’émission Koko ga Hen da yo Nihonjin [ils sont bizarres ces Japonais] sur la chaîne TBS. Mais cette notoriété ne lui suffit pas.
Il veut l’utiliser pour ouvrir les yeux des Japonais sur la réalité de l’Afrique. En 1999, il publie Zomahoun no Hon [Le livre de Zomahoun], dans lequel il raconte son histoire, celle de son pays et de son continent d’origine. C’est un succès de librairie qui lui permet de se lancer dans une nouvelle aventure. Il crée, en 2004, la Fondation Ifè, “amour” en yoruba, dont l’un des objectifs est de créer des écoles primaires, mais surtout une école de japonais à Cotonou. “La seule de toute l’Afrique subsaharienne”, lance-t-il avec fierté. Sa volonté de créer une passerelle entre son pays et le Japon l’amène finalement à être nommé ambassadeur dans la capitale japonaise en 2011. Et s’il ne l’est plus depuis l’an passé, il a tout lieu d’être fier de “l’excellence” de son engagement qui n’a jamais faibli. G.B.