A la tête de la principale force d’opposition, l’ancien ministre rêve de changer les règles de fonctionnement du pays.
Edano Yukio, 53 ans est président du Parti démocrate constitutionnel (PDC, Rikken Minshutô, centre-gauche). Sa formation a obtenu plus de 50 sièges lors des élections législatives d’octobre 2017 et s’est imposée comme la principale force d’opposition. L’homme politique a reçu Zoom Japon pour détailler son programme qui défend “une politique par le bas”.
Aux élections législatives de l’automne dernier, vous avez réussi à obtenir 55 sièges alors que votre parti venait de naître de la scission du Parti démocrate progressiste. Les médias ont parlé d’un “exploit”. Qu’en pensez-vous ?
Edano Yukio : Pour être honnête, je ne m’attendais pas à ce que nous remportions autant de sièges. Mais si nous avons atteint ce résultat, c’est qu’enfin les lignes politiques des partis sont claires pour les électeurs. Le Parti démocrate [parti de centre- gauche au pouvoir entre 2009 et 2012 dont Edano est issu] faisait depuis toujours l’objet de critiques sur les conflits idéologiques internes. Les électeurs ne voyaient pas clairement dans quel sens on voulait diriger le pays. Mais après les législatives de l’automne, les différences avec le Parti libéral-démocrate [PLD, au pouvoir] sont enfin nettes.
Tout au long de la campagne électorale, vous avez défendu l’idée d’une “politique par le bas”. Que recouvre-t-elle ?
E. Y. : Il y a deux sens. Depuis la défaite de 1945, le Japon mène une politique économique qui favorise les plus riches et les plus puissants, puisqu’ils étaient censés enrichir le pays. J’estime qu’il s’agit d’une stratégie adaptée aux pays en développement. La politique du Premier ministre Abe Shinzô est identique. Or nous constatons que la société japonaise se trouve dans une phase plus avancée, avec une population vieillissante et un taux de natalité au plus bas. Dans ces conditions, il faut tenter une autre approche, laquelle consiste à corriger les inégalités économiques par un renforcement de la redistribution des richesses. Cette approche, plus adaptée à la réalité du pays, entraînera le développement de la consommation des ménages et favorisera la croissance. Le deuxième sens du slogan est plus politique. Je constate que les sujets qui préoccupent les députés installés à Tôkyô ne concernent plus la majorité des Japonais. Par exemple, le Premier ministre propose de rendre les crèches gratuites, alors que l’une des véritables solutions pour relancer la natalité serait de construire des crèches dont on manque ! Cette proposition en dit long sur la vision d’Abe Shinzô qui, me semble-t-il, ignore complètement ce qui se passe sur le terrain. J’ai insisté sur ce slogan parce que je crois que c’est le moment de sortir du huis clos dans lequel sont enfermées les élites politiques de Nagatachô [le quartier du Parlement à Tôkyô].