Au travers de ses films, Ogigami Naoko s’applique à montrer aux Japonais que leur société a besoin d’évoluer.
Bien décidée à réaliser ses propres histoires, la cinéaste, admiratrice de Jim Jarmusch, montre sa détermination et applique dans ses films des recettes apprises lors de son long séjour aux Etats-Unis.
Votre intérêt pour le cinéma a été tardif.
Ogigami Naoko : Disons que je ne savais pas grand chose du cinéma. Mon père m’avait emmenée voir quelques films quand j’étais enfant, c’est tout. Même plus tard, quand je me suis inscrite au programme Image Science à l’université, j’ai surtout étudié la photographie.
Puis vous êtes allée aux Etats-Unis ?
O. N. : Oui, pendant mes études au Japon, j’ai réalisé que je n’étais pas très bonne photographe. C’était même assez décourageant. Donc, je suis alors passée aux images en mouvement. Je pensais que tant que je pourrais travailler dans le cinéma – peut-être en tant qu’assistante – ce ne serait pas si mal. Mon principal problème, à l’époque, était l’écriture de scénarios. Je n’avais aucune connaissance à ce sujet. Aussi devenir metteur en scène était hors de question. Et comme à l’époque, je connaissais principalement des films hollywoodiens, je me suis inscrite à l’Université de Californie du Sud (USC) à Los Angeles (rires).
Comment avez-vous fini par devenir réalisatrice ?
O. N. : L’écriture de scénario faisait partie du programme d’études. Je n’avais jamais rien écrit auparavant. Réaliser un script revenait à mes yeux à faire un puzzle. Mais j’avais un excellent professeur, et quand j’ai finalement maîtrisé l’art d’écrire des scénarios, j’ai décidé que je voulais faire des films. C’est drôle parce que dans tout le processus cinématographique l’écriture est devenue ma partie préférée.
Plus que la direction d’acteurs ?
O. N. : Je déteste travailler sur le plateau (rires). Toute l’équipe arrive avec ses problèmes et toutes sortes de questions, et en plus je dois travailler avec les acteurs. Je suis toujours sous pression parce que je dois prendre un tas de décisions. Alors je deviens tendue et nerveuse. Quand j’écris un scénario, au contraire, je suis seule avec mon histoire. J’adore cette sensation.