Parmi les artistes les plus férus d’œuvres japonaises figure le peintre Raphaël Collin qui reste très apprécié au Japon.
Tout au long de l’ère Meiji (1868-1912), le Japon en quête de modernité connaît une occidentalisation fulgurante, qui n’épargne aucun domaine. Ainsi, dès la fin du XIXe siècle, quelques artistes arrivent à Paris, pour s’y familiariser avec les techniques nouvelles, s’exercer aux jeux d’ombre et de perspective, au respect des proportions… À l’Académie Colarossi, à l’École des Beaux-Arts et dans les ateliers d’artistes, ils adoptent la peinture à l’huile, eux qui travaillaient jusqu’alors des pigments liés par de la colle animale nikawa, et découvrent des méthodes d’enseignement très éloignées de leur culture, comme le dessin d’après modèle vivant.
Réputé pour son traitement de la lumière naturelle, ses nus gracieux et ses portraits mondains, Raphaël Collin est, de tous les peintres académiques, celui qui attire le plus grand nombre d’élèves japonais. Actif entre le dernier quart du XIXe et le tout début du XXe siècle, il s’est lui-même formé à la peinture dans les ateliers de William Bouguereau (1825-1905) et d’Alexandre Cabanel (1823-1889) et, depuis 1873, expose régulièrement au Salon, souvent avec succès. Devenu professeur, il compte un nombre important d’élèves étrangers, américains, canadiens et surtout japonais, dont Fuji Masazô (1853-1916), Goseda Yoshimatsu (1855-1915), Asai Chû (1856-1907), Kuroda Seiki (1866-1924), Kume Keiichirô (1866–1934), Nakamura Fusetsu (1866-1943), Okada Saburôsuke (1869-1939), Wada Eisaku (1874-1959), Saitô Toyosaku (1880-1951) et Yamashita Shintarô (1881-1966). Grâce à ces peintres, pionniers de la modernisation de l’art de leur pays, la peinture yôga (occidentale) s’épanouira véritablement au Japon.