Victime du tsunami de 2011, Kamaishi plonge dans sa tradition rugbystisque pour retrouver des couleurs.
La plupart des gens qui se rendent à Kamaishi en train effectuent la dernière étape de leur voyage le long de la magnifique ligne Kamaishi, une voie ferrée de 90 km qui serpente le long de profondes vallées recouvertes de forêts de hêtres et de cèdres. Les passagers se perdent rapidement dans la rêverie, comme s’ils remontaient à l’époque où Miyazawa Kenji, auteur de Train de nuit dans la voie lactée (Ginga Tetsudô no Yoru, trad. Hélène Morita, Les éditions du Rocher, coll. Motifs) vivait dans cette région, mais ils sont brutalement ramenés à la réalité lorsqu’ils sortent de la gare de Kamaishi. Ils sont accueillis par les bâtiments gris de l’usine Nippon Steel et Sumitomo Metal avec ses cheminées soufflantes qui ajoutent de la fumée noire à un ciel déjà gris.
Ce complexe tentaculaire rappelle la gloire industrielle passée de la ville. En effet, c’est là que, en 1857, le premier haut-fourneau du Japon fut allumé, inaugurant ainsi la production moderne de fer au Japon.
La réputation de Kamaishi en tant que ville de l’acier lui a, à la fois, porté chance et malchance. Par exemple, en raison de son rôle important pendant la Seconde Guerre mondiale, ses usines sidérurgiques, ses entrepôts et ses réservoirs de pétrole ont été pris pour cibles par la marine américaine. De son côté, Kamaishi a joué un rôle important dans l’essor économique du pays après la guerre et l’endroit a prospéré jusqu’au milieu des années 1980, avec une population atteignant les 100 000 habitants. Aujourd’hui, cependant, ce n’est plus qu’un souvenir lointain. L’économie locale s’est effondrée après la fermeture des aciéries en 1988, entraînant une perte lente mais apparemment irréversible de la richesse et des ressources humaines. À l’heure actuelle, moins de 35 000 personnes vivent à Kamaishi et peu de signes permettent de penser que cette tendance négative pourra être inversée dans un avenir proche.