Dans quelques jours, le Japon entrera dans une nouvelle ère. L’occasion de se pencher sur 30 années pour le moins agitées.
Lorsqu’en 1989, le gouvernement japonais a annoncé que le nom de la nouvelle ère serait Heisei ou “accomplissement de la paix”, le Mainichi Shimbun, l’un des principaux journaux du pays, a interrogé la population pour connaître son sentiment. Quelque 75 % des personnes intérrogées ont répondu que le nom était “brillant”. Après la période tumultueuse de Shôwa (1925-1989), nom donné au règne de l’empereur Hirohito, tout le monde espérait que ce serait le début d’un avenir meilleur. Cependant, 30 ans plus tard, un autre quotidien, l’Asahi Shimbun, a demandé aux Japonais comment ils voyaient leur avenir et eulement 5 % des personnes interrogées ont déclaré qu’il serait “brillant”, 42 % ont répondu qu’il serait “troublé” et 29 % “sans grand changement”.
Il faut dire que la majeure partie de l’ère Heisei (1989-2019) aura été une période politiquement instable caractérisée par une valse des gouvernements — sept Premiers ministres au cours de la première décennie et six pour la seconde. Seuls les cabinets de Koizumi Jun’ichirô (avril 2001-septembre 2006) et d’Abe Shinzô (décembre 2012 à nos jours) ont connu une longévité remarquable. Il n’est donc guère étonnant que la plupart des gouvernements ont eu du mal à mettre en œuvre des politiques efficaces pour résoudre les grands problèmes du Japon.
La grande nouvelle politique de ces 30 années aura été que le Parti libéral-démocrate (PLD), qui dirigeait le Japon depuis 1955, a fini par céder sous le poids d’une série de scandales politiques et financiers. En 1993, par exemple, la formation s’est divisée et une coalition gouvernementale sans le PLD a été formée sous la direction d’un ancien membre libéral-démocrate, Hosokawa Morihiro. Par ailleurs, il convient de souligner que le Parti démocrate du Japon (PDJ) a eu trois Premiers ministres consécutifs entre septembre 2009 et décembre 2012.