Les Français ont activement participé à la modernisation militaire de l’archipel avec l’envoi de plusieurs missions.
Entre la fin du Shogunat et le début de l’ère Meiji, trois missions militaires françaises furent envoyées au Japon. En y ajoutant la mission militaire aéronautique de 1919-1920, on peut comprendre à quel point l’influence française a été conséquente dans ce domaine également. Et pour être tout à fait complet, il convient de noter la présence du major Henri Louis Philippe Mougin, spécialiste des fortifications, qui séjourna au Japon en 1897.
La première mission militaire française (1867-1868) avait pour objectif de former les trois corps de l’armée de terre (infanterie, cavalerie et artillerie) afin de doter le Japon d’une armée moderne. Le capitaine Charles Sulpice Jules Chanoine fut commandant de cette mission. Brillant personnage, il deviendra plus tard ministre de la Guerre. En 1868, la mission retourna en France, mais quelques-uns de ses membres comme Albert Charles Du Bousquet restèrent au Japon, pour travailler au sein du gouvernement japonais. En 1875, Du Bousquet se maria avec Tanaka Hana. Il devint consul de France et obtint l’Ordre du Soleil levant. Un autre membre, le capitaine Jules Brunet, resta au Japon pour participer à la bataille de Hakodate lors de la guerre de Boshin du côté du Shogunat. En 1897, le gouvernement japonais le décora de l’Ordre du Trésor sacré.
La seconde mission militaire française (1872-1874 et 1874-1880) fut la plus importante avec l’envoi de plus de vingt officiers. Dirigée initialement par le lieutenant-colonel Charles Antoine Marquerie qui dût rentrer en France pour des raisons de santé, elle a ensuite été commandée par le lieutenant-colonel Charles-Claude Munier. Parmi les membres de la mission figuraient plusieurs polytechniciens comme le capitaine d’artillerie Félix Frédéric Georges Lebon, le capitaine sapeur Claude Gabriel Lucien Albert Jourdan, le lieutenant sapeur Charles Alexandre Louis Kreitmann, le lieutenant sapeur Alfred Galopin et le capitaine d’artillerie Jean-Marie Orsel.
Le lieutenant Galopin arriva au Japon en 1877 et repartit en octobre de la même année. Le capitaine Jourdan arriva en mai 1868 ; il fut décoré de l’Ordre du Trésor sacré en 1897. Quant au capitaine Lebon qui finira avec le grade de général, il reçut l’Ordre du Soleil levant en 1879, l’insigne de commandeur de la Légion d’honneur en 1903 et celui de grand officier en 1908. On trouve une stèle commémorative de sa visite à Hakone, près de la station thermale de Kiga-onsen. Lors des grandes funérailles de l’Empereur Meiji, le général fut invité à titre de représentant du gouvernement français.
La principale tâche de cette seconde mission militaire fut de créer l’Académie de l’armée impériale japonaise en 1874. Construite à Ichigaya, à Tôkyô, l’académie fut teintée du style français. Les enseignants venus de France donnaient des cours en français. On y enseignait la géométrie, l’algèbre, la chimie, les études de fortification, etc. Les Français mirent l’accent sur l’éducation, comme ils l’ont démontré avec l’Ecole de français de Yokohama ouverte vers la fin du shogunat. L’importation de méthodes ou de techniques françaises s’est toujours accompagnée de l’enseignement du français.
La troisième mission militaire française (1884-1888) a été confiée au capitaine d’infanterie Henri Berthes, avec Henri Lefebvre, Charles-Edouard Gabriel Leroux, Joseph Kir, Etienne Godefroy Timoléon de Viallet, avec toujours cette volonté d’apporter le savoir-faire d’une armée considérée alors comme l’une des plus modernes du monde.
Nishibori Akira