Du 24 novembre au 4 décembre, le festival 100 % japonais propose un panorama assez large de la production cinématographique.
Depuis 10 ans, Kinotayo propose aux amateurs de cinéma japonais la possibilité de se régaler de films contemporains en provenance directe de l’archipel. Comme tout festival qui se respecte, il organise une compétition à l’issue de laquelle il décernera son Soleil d’or, le prix de la critique et le prix Canon de la meilleure photographie. L’an passé, c’est le formidable long-métrage de Yamada Yôji, La Maison au toit rouge, qui avait obtenu la principale distinction. L’objectif de Kinotayo est de permettre aux spectateurs de découvrir un panorama du cinéma japonais contemporain, ce qui est en soi une noble mission. Néanmoins, on peut regretter que cette volonté de montrer une aussi grande variété de films se fasse au détriment parfois de la qualité. Celle-ci est très inégale. On sent que la sélection répond parfois aux envies des studios nippons qui veulent mettre en avant telle ou telle production plutôt qu’à un travail de sélection fouillé, lequel permettrait d’offrir non pas un simple panorama, mais le meilleur du cinéma contemporain made in Japan.
Mais ne boudons pas notre plaisir de faire le plein d’images venues du Japon. Malgré une augmentation ces deux dernières années du nombre de films japonais distribués en France, ils sont encore trop peu pour que nous fassions la fine bouche lorsqu’une manifestation comme Kinotayo nous donne la possibilité de découvrir tant de longs-métrages en si peu de temps et surtout l’une des particularités de ce festival pas tout à fait comme les autres est d’assurer la visibilité de ces œuvres en dehors de Paris où il se déroule du 24 novembre au 4 décembre. En effet, les films en compétition seront présentés en régions entre le mois de décembre et celui de février 2016. Une belle initiative grâce à laquelle les spectateurs de province pourront se régaler de quelques très bons films.
Parmi les œuvres qui ont retenu notre attention pour l’édition 2015 de Kinotayo figure We shall overcome de Mikami Chie. Ce documentaire s’intéresse à la situation à Okinawa à travers le destin de Fumiko. Cette dernière a vécu la Seconde Guerre mondiale. Elle fait désormais partie d’un groupe de militants opposés à la construction de la nouvelle base militaire américaine à Henoko. Son témoignage permet de saisir combien la population de la 47e préfecture de l’archipel, la plus pauvre, est meurtrie et se sent souvent mal comprise par la métropole. Kakekomi de Harada Masato ne manque pas non plus d’intérêt. Ce film en costumes (jidaigeki) qui se déroule à Kamakura s’intéresse à la situation des femmes à la fin de l’ère d’Edo (1603-1868). Un bon film de divertissement qui devrait plaire au public tout comme 100 yen love de Take Masaharu. Ce drame social avec l’excellente Ando Sakura nous transporte dans le Japon actuel où de nombreux jeunes doivent se contenter de petits boulots mal payés. Le réalisateur montre que la vie n’est pas aussi simple qu’il y paraît en particulier dans le Japon des années 2010. A noter également Fires on the Plain de Tsukamoto Shinya, remake halluciné mais peu convaincant des Feux de la plaine d’Ichikawa Kon (1959).
Gabriel Bernard
Infos pratiques :
Kinotayo Du 24 novembre au 4 décembre au Gaumont Opéra Premier 32, rue Louis-le-Grand, 75002 Paris.
En régions de décembre 2015 à février 2016 – www.kinotayo.fr