Je rêvais d’habiter dans cette France ressemblant à un conte de fée. Depuis que je vis ici, je me suis habituée à la plupart des choses même les plus surprenantes, mais il y a un sujet qui m’ébranle toujours. Il s’agit de la mendicité que je n’ai pas connue dans mon pays alors qu’on y compte aussi des SDF ou des chômeurs. Personne ne mendie malgré la précarité, conformément à la loi qui l’interdit dans la mesure où la Constitution stipule le droit et l’obligation de travailler pour tout citoyen. (J’ai découvert dans la Constitution française la phrase suivante : Chacun a le devoir de travailler. Oh ! Est-ce aussi valable pour les salariés en CDI ? Bon, ça fait longtemps que j’ai compris que le droit était plus fort que le devoir dans ce pays).
Ainsi je ne sais pas comment réagir face aux mendiants. Leur situation me touche, mais je n’ose pas leur donner d’argent parce que, d’une part, si je le fais, j’ai l’impression d’être supérieure à eux. D’autre part, je pense ne pas pouvoir faire la charité à tout le monde. Je peux avoir 2 € à ce moment-là, alors que j’ai moi-même besoin de 1000 € pour payer mon loyer, mes impôts, mon titre de transport, etc. Ce n’est pas toujours facile. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux sollicitent « une petite pièce de monnaie, un ticket de métro ou un ticket resto », mais il y a une grande différence entre ces trois trucs ! Si je leur partage mes 5 centimes, ils vont sans doute faire la grimace. Voilà pourquoi je n’arrive à rien leur donner et je me sens coupable chaque matin quand j’en croise dans les transports et dans la rue.
Récemment, en suivant l’exemple d’un ami, j’ai réussi à donner une pièce à un SDF. Ce jour-là, j’ai marché d’un pas allègre ! Une nouvelle barrière dans ma vie parisienne a été franchie ! Mais serais-je capable de mendier moi aussi si un jour je suis sans le sou ? A vrai dire, je me suis entraînée à imaginer cette situation dès mon arrivée à Paris et j’ai souvent réfléchi au discours que je ferais dans le métro. Il est presque au point…
Koga Ritsuko