Les blessures liées à la catastrophe restent vives. Il faut les soigner pour tourner la page. Nous avons pris un taxi sous la pluie dans la ville d’Ishinomaki. Le chauffeur a marmonné : “Ici, de la pluie, on n’en veut plus”. D’après lui, après le séisme, les terrains se sont affaissés de 1,2 m au maximum à Ishinomaki. Aussi à la moindre pluie, les eaux débordent de partout encore aujourd’hui. Comme cela, malgré quatre ans passés, la ville est confrontée encore à divers problèmes empêchant ses citoyens d’avoir une vie comme avant, y compris dans leur cœur. Il est à craindre que des blessures demeureront sans avoir été soignées. “Tout juste après le séisme, dans la confusion totale, on a beaucoup glorifié la patience et le courage des habitants de la région du Tôhoku qui ont fait face à la catastrophe en silence, mais en réalité, en taisant les souffrances subies, les séquelles psychologiques sont prégnantes”, affirme Akiyama Yuhiro, journaliste à l'Ishinomaki Hibi Shimbun. Nous avons alors interrogé Takeuchi Hiroyuki, ancien journaliste, devenu directeur de “kizuna no eki” (Station de liaison), un lieu créé pour que les gens puissent se réunir et échanger (voir Zoom Japon, n°40, mai 2014). “Ceux qui viennent ici se lâchent et se plaignent. On entend des mots qui ne sont pas sortis devant les journalistes avec leur calepin et leur crayon. Angoisses concernant la vie quotidienne, instabilité psychologique de ceux dont les membres de la famille sont portés disparus. Ceux-ci ne peuvent être traités de la même manière que les morts. Ces familles ne savent où se placer psychologiquement. Il leur faudra faire le deuil à un moment donné. Ces jours-ci, je pense souvent au terme "syndrome post-traumatique". J'ai l'impression que le nombre de personnes atteintes par ce genre de problèmes ne cesse d’augmenter. C’est très inquiétant. A mon avis, on peut dire la même chose des enfants qui reçoivent une éducation qui les incite à être courageux sans se plaindre”. Mme Ôhta Tomoko qui habite à Sendai, a créé l’association “Kids Media Station” dans le but d’encourager la prise de parole de ces enfants, et de...