Longtemps négligé, le parfum des petites fleurs oranges retrouve grâce auprès des Japonais qui en abusent désormais.
Si l’odeur du lilas rappelle pour les Français l’arrivée du printemps ou le tilleul celle de l’été, les petites fleurs oranges d’osmanthus dégagent surtout à l’aube un parfum suave à l’arrivée de l’automne. Cette fleur, familière depuis longtemps pour les Japonais, est à la mode en ce moment. Son arôme est utilisé dans les parfums et les produits cosmétiques aussi bien au Japon qu’en Europe, comme chez Louis Vuitton ou L’Occitane qui commercialisent des fragrances d’osmanthus. On commence aussi à l’utiliser en cuisine. En Chine, on laisse traditionnellement macérer cette fleur dans de l’alcool ou du sirop afin d’en capturer la senteur. Les Japonais suivent aussi cet exemple, et on trouve en ce moment beaucoup de recettes en ligne expliquant comment préparer de la liqueur ou du sirop d’osmanthus.
Cet arôme est désormais aussi présent dans les produits commercialisés comme la confiture, la gelée, le thé, les biscuits, les gâteaux… Dans les restaurants, on retrouve cette fleur dans des sauces pour poisson, à la vapeur avec de la viande, dans une vinaigrette, dans des flans ou des quatre-quarts, pour parfumer un coulis, dans une glace, ou même des pétales sur une crêpe avec du miel…
Mais si, au Japon, un aliment devient populaire souvent grâce à une marque qui commercialise un plat ou une pâtisserie, cette fois-ci la mode de l’osmanthus semble résider surtout dans le “fait maison”. Les Japonais semblent aiment récolter, et préparer eux-mêmes l’osmanthus enfermant son effluve, sans doute parce que sa caractéristique principale est la simplicité (on peut concocter du sirop uniquement en faisant bouillir de l’eau avec autant de sucre et un peu de fleurs, en enlevant les fleurs après on peut le conserver pendant quelques mois). Peut-être dans cette nouvelle vague existe une envie latente de renouer avec les saisons, chose que l’on perd peu à peu. Déjà, la floraison de l’osmanthus se décale d’année en année, et les fleurs se mettent à éclore plutôt en octobre qu’en septembre ces derniers temps. Est-ce notre désir de la retrouver dès le début de septembre comme autrefois qui nous fait recourir à des parfums ou des sirops ? Ou est-ce le désir de garder le parfum de cette fleur, qui tombe au bout de quelques jours laissant sur le sol un joli tapis orange, qui nous invite à les macérer dans de l’alcool ?
On dit que son parfum a un effet relaxant favorisant le sommeil, et c’est aussi un anti-oxidant et un coupe-faim. Et dans la médecine orientale, il est dit qu’il améliore la respiration, calme la toux et les douleurs au ventre. Et Dieu sait que les Japonais ont un faible pour tout ce qui est bon pour la santé…
Cette fleur, jadis associée aux produits déodorants et de nettoyages, semble avoir effacé ce passé malheureux pour gagner une nouvelle réputation auprès des jeunes générations. Sauf que, victime de son succès, les entreprises se remettent à l’employer n’importe comment et de nouveau, on retrouve le parfum de la fleur dans les toilettes… Jusqu’à quand, la mode du thé à l’osmanthus ?
Sekiguchi Ryôko