Après quatre années de silence forcé, la fanfare des pompiers de la région a réussi à se faire de nouveau entendre.
AIshinomaki, lors de la 91e fête de la rivière qui s’est déroulée le 1er août, on a assisté au retour de la fanfare des pompiers du Syndicat régional d’Ishinomaki qui s’était tue après le séisme du 11 mars 2011. Depuis 35 ans, cette fanfare est très appréciée par les habitants. Cet événement a été le signal de sa renaissance et elle continuera de jouer de la musique, digne de l’estime que lui témoignent les habitants de la région.
La fanfare des pompiers a été créée en 1979, afin de sensibiliser les habitants de la ville à la lutte contre les incendies et autres catastrophes. Ses 33 membres bénévoles venaient de toutes les communes avoisinantes, y compris le commandant des pompiers. Après leur travail, ils avaient l’habitude de venir répéter en solo ou en équipe pour pouvoir dévoiler tout leur talent lors des nombreuses fêtes régionales.
Le tsunami s’est produit 5 jours après le sixième concert annuel donné au centre communautaire de Higashi-Matsushima le 6 mars 2011. Après cette catastrophe, les pompiers de la région ont dû s’occuper de l’évacuation des habitants, et au cours de leurs interventions de sauvetage pour éteindre les incendies, six d’entre eux ont trouvé la mort. Parmi eux, trois étaient membres de la fanfare. Cinq casernes du bord de mer et trois autres à l’intérieur des terres ont été détruites lors du passage de la terrible déferlante sans oublier les habitations de certains membres de la fanfare. Les uniformes, de même que les instruments et les partitions ont été perdus. Avec la recherche des disparus et la reconstruction, le choc fut énorme et les pertes de proches ont éloigné de la musique certains d’entre eux, ce qui a conduit la fanfare à suspendre ses activités. Dans la préfecture de Miyagi, bien avant le séisme, il avait été question de mettre un terme aux activités des fanfares de pompiers. Une idée que partageait aussi Doi Kenichi, commandant d’une des brigades de pompiers. Mais trois années après la catastrophe, certains anciens musiciens de la fanfare ont exprimé le souhait de “se remettre à jouer”. “A peu près au même moment, des habitants, des associations et d’autres fanfares qui avaient joué avec nous se sont manifestés pour demander la reprise des activités. On nous a fait don d’instruments, y compris venant de familles d’anciens membres disparus lors de la tragédie. Tout cela m’a ému”, raconte-t-il. C’est ce qui l’a poussé à redémarrer la fanfare.
La nouvelle fanfare compte 28 membres qui se sont efforcés de combler le vide de ces trois dernières années en procédant, de janvier à mars 2014, à des répétitions individuelles de trompette et de clarinette puis, à partir d’avril à des répétitions collectives suite à l’arrivée de quatre nouveaux membres.
Le 1er août, sous un soleil estival, de nombreuses manifestations se sont déroulées dans le centre d’Ishinomaki dans le cadre de la rituelle fête de la rivière. Un comité spécial baptisé « Le relais de la flamme » s’est formé pour qu’à l’occasion des Jeux olympiques de 2020 à Tôkyô, la flamme olympique puisse passer par Ishinomaki. Il s’agit non seulement d’attirer la flamme olympique, mais aussi encourager la population locale à promouvoir la course à pied chez les jeunes. C’est ainsi que dix élèves de maternelle et de primaire inscrits au club sportif de la ville, animés par le même but, se sont relayés sur une distance de 500 mètres pour porter une copie de la flamme olympique. Une profusion d’encouragements et d’applaudissements s’est élevée des bords du parcours où était massée la foule comme si nous étions déjà en 2020. Ensuite, ce fut enfin au tour de la fanfare des pompiers d’intervenir aux sons d’une musique légère. En tête de cortège, on pouvait lire sur une banderole son nouveau slogan : « Pour la reconstruction de notre cité et la lutte contre les incendies faisons confiance en la musique ». Les costumes de la fanfare n’étant pas encore tout à fait terminés, ses membres ont défilé dans leurs uniformes de pompier sous une pluie d’applaudissements chaleureux de la part des citoyens en attente de la reconstruction.
Pour Kimura Yoshinari qui la dirigeait, “la fanfare est proposée par une organisation qui lutte contre les catastrophes et qui reste très proche des habitants. Je souhaite renouveler plus régulièrement cette expérience. Notre musique apporte un grand soutien moral à la population. Voilà pourquoi nous n’arrêterons pas de répéter”. Cette année, Honma Sakurako a rejoint la fanfare en tant que trompettiste. “Je débute totalement avec cet instrument, mais je vais m’entraîner de toutes mes forces pour répondre à l’attente de tous”, assure-t-elle. Un engagement dont personne ne doute.
Yokoi Yasuhiko
Comme nous vous l’avions annoncé dans notre numéro de mars, nous avons entamé la publication d’une série d’articles rédigés par l’équipe de l’Ishinomaki Hibi Shimbun dans le but d’informer les lecteurs sur la situation dans l’une des villes les plus sinistrées. Malgré ses difficultés, ce quotidien local continue à enquêter et à apporter chaque jour son lot de nouvelles. Si vous voulez le soutenir dans sa tâche, vous pouvez vous abonner à sa version électronique pour 1000 yens (moins de 7 euros) par mois : https://newsmediastand.com/nms/N0120.do?command=enter&mediaId=2301