
Le 6 octobre, les Japonais célèbreront notre satellite autour de bons plats qui se dégustent aussi avec les yeux.
En japonais, on dit que le ciel est plus haut en automne. Cette impression est due au climat, qui apporte un air sec et frais. C’est le moment idéal pour contempler la lune, et on célèbre justement sa beauté à l’occasion de la fête de tsukimi (contemplation de la lune) ou de chûshû no meigetsu (la belle lune de mi-automne), une coutume que l’on partage avec plusieurs pays asiatiques tels que la Chine, Taïwan (voir Zoom Japon n°143 et n°144, septembre et octobre 2024), la Corée, le Vietnam ou ou la Thaïlande. Sa date, suivant le calendrier traditionnel, change chaque année (c’est le 6 octobre en 2025) et, ce jour-là, on se rassemble autour de mets concoctés en offrande à la lune.
Traditionnellement, la table est décorée avec des fruits et légumes sphériques, tels que le raisin, la châtaigne, la poire asiatique, le kaki, le potimarron kabocha, le soja et le taro satoimo. On prépare également des dango, des boulettes de riz dont la recette varie selon les régions : en général sphériques, mais parfois ovales, en forme de goutte d’eau, en brochette, grillées, pochées, cuites à la valeur, avec ou sans anko (pâte de haricots rouges sucrée), dans une marmite…
Cette fête célébrant la nature au moment de la récolte, il est aussi coutumier de préparer des plats à base de patates douces, de riz cuit aux produits d’automne comme les champignons, la soupe aux légumes d’automne et aux champignons. On voit également, à cette période, des pâtisseries japonaises et occidentales représentant des lapins, car la croyance veut qu’ils habitent sur la lune. Certaines pâtisseries proposent le geppei, un mochi de la lune, une pâte brisée fourrée d’anko, de noix et de sésame, un mets d’origine chinoise.
Selon les régions, une coutume similaire à Halloween existe : l’otsukimi dorobô (le voleur de tsukimi), qui consiste pour les enfants à aller goûter l’offrande chez les autres à la dérobée (mais autorisée). Certaines maisons préparent un panier de friandises devant leur porte pour accueillir les petits visiteurs.
Même en tant que touriste étranger, on peut apprécier ce moment, car les restaurants proposent des menus spéciaux pour l’occasion :
burger Tsukimi (burger avec œuf au plat), udon Tsukimi (nouilles udon avec œuf mollet), parfait Tsukimi (entremets glacé aux marrons), pizza Tsukimi (pizza aux œufs de caille). Cette tendance relativement récente consiste à préparer des mets salés à base d’œufs. Les chaînes de fast-food, de McDonald’s à Domino’s Pizza, se livrent une concurrence acharnée pour créer le meilleur tsukimi. Les cafés et salons de thé proposent également les douceurs en forme d’usagi (lapin) ou aux marrons, qui sont en général délicieuses.
Les réseaux sociaux ont certainement joué un rôle dans l’apparition de ces plats, et il serait facile de critiquer la stratégie marketing de ces enseignes. Il n’empêche qu’elles contribuent finalement à perpétuer cette tradition auprès des jeunes générations. L’essentiel est de continuer à apprécier la beauté des soirées d’automne où la lune nous envoie sa douce lumière.
Sekiguchi Ryôko