A l’approche des fêtes de fin d’année, trois ouvrages à offrir ou à s’offrir viennent de paraître pour découvrir le Japon autrement.
Dans son livre Japon, troisième grand, publié en 1969, le journaliste Robert Guillain rappelait dès les premières lignes son attachement à la capitale japonaise. “Il y avait deux ans et demi que je n’avais pas revu le Japon, et Tôkyô m’apparût méconnaissable… comme d’habitude ! C’est la ville que je connais le mieux au monde, bien mieux que Paris. J’y ai vécu des années, et chaque coin de rue ou de quartier m’y raconte une histoire personnelle. Mais je n’ai pas fini de la connaître: c’est une ville en changement perpétuel, et d’un séjour à un autre, j’y constate des métamorphoses toujours plus rapides. Une fois de plus, cette fois-ci, j’y ai tout à apprendre”. Ces quelques phrases résument parfaitement le lien qui se crée entre la mégalopole nippone et les personnes qui s’y rendent, notamment les artistes qui y trouvent une source d’inspiration sans cesse renouvelée. Comme le rappelle Robert Guillain, la première ville de l’archipel se transforme de façon continue. Les photographes sont évidemment sensibles comme en témoigne Michaël Guez dans son livre intitulé tout simplement Tokyo (Omri Ezrati Editions). Il saisit avec un rare talent cette ville et ses habitants, de jour comme de nuit, en couleurs et en noir & blanc, avec cette envie de nous entraîner dans cet univers changeant qu’offre la capitale japonaise. La promenade est prenante même si elle ne sort guère des sentiers battus par la plupart de ceux qui s’y rendent pour la première fois. Shibuya, Shinjuku, Harajuku, Ginza, Roppongi ou encore Asakusa sont évidemment fort représentés dans ce livre, mais ce qui le distingue d’autres reportages photographiques, c’est sa poésie graphique, notamment dans les clichés en noir & blanc. Ceux-ci apportent une profondeur au propos du photographe parti “à Tôkyô pour bousculer [ses] propres clichés !”.
Gilles Bordes-Pagès s’est lui aussi rendu dans la première ville de l’archipel pour un séjour plus long (entre janvier 2008 et janvier 2012) dans le but de ramener un sujet sur le sumo et de contribuer également à effacer les clichés qui entourent ce sport mal connu en Europe. “On ne peut dire qu’il y ait rejet, mais l’incompréhension est flagrante”, estime-t-il. Pour aider ses contemporains à se défaire de leur vision stéréotypée du sumo (rappelons-nous la petite phrase de Nicolas Sarkozy prononcée en 2004 : “Comment peut-on être fasciné par ces combats de types obèses aux chignons gominés. Ce n’est vraiment pas un sport d’intellectuel, le sumo !”), l’auteur s’est immergé dans le quartier de Ryôgoku au nord-est de la capitale où on “respire le sumo à chaque rue”. Gilles Bordes-Pagès nous entraîne ainsi dans un monde incroyable grâce à un travail photographique de grande qualité accompagné de nombreux textes grâce auxquels le lecteur, une fois qu’il aura refermé l’ouvrage Les Sumos de Ryôgoku (éd. Petit Futé), n’a qu’une seule envie, celle de prendre l’avion et d’aller lui-même à la découverte d’un aspect original de Tôkyô.
Le dernier ouvrage concerne moins la capitale du Japon en dépit de la présence de son nom dans le titre Dalí (Tokyo, 1939). Néanmoins, le livre de Takiguchi Shûzô publié par les Editions Notari de Genève est à sa manière un voyage. Culturel celui-là puisqu’il nous entraîne dans le Japon des années 1930 à une époque compliquée où les Japonais découvrent le surréalisme grâce au poète et écrivain Takiguchi. Il consacre un essai à Salvador Dalí que l’on peut lire grâce au travail de traduction de Fukushima Isao et Nicolas Mollard. Une curiosité à ne pas laisser passer.
Gabriel Bernard
Références :
Tokyo, de Michaël Guez, Omri Ezrati Editions, 2012, 35€
Les sumos de ryôgoku, de Gilles Bordes-Pagès, éd. Petit Futé, coll. Beaux livres-Déclics, 2012, 29,90€
Dalí (tokyo, 1939), de Takiguchi Shûzô, trad. par Fukushima Isao et Nicolas Mollard, Editions Notari, 2012, 29€