Un musicien et responsable d’une boîte de production française juge le rock made in Japan. Respect.
Un style vraiment unique
Si le rock engagé est un nouveau phénomène au Japon, comment peut-on définir le rock que l’on trouve dans les bacs nippons ? Avis de Nico, chanteur du groupe punk alternatif français, Tagada Jones et patron de la boîte de production Enrage. “Le rock japonais se nourrit essentiellement des influences. Les musiciens prennent le meilleur de ce qu’ils entendent à l’étranger et en font un mix étonnant. Ils reproduisent tout ça à merveille, le transcendent même, pour obtenir un son incroyable, proche de la perfection”, explique-t-il.
Dans le catalogue du label Enrage, on trouve les groupes japonais D-out mais aussi Plastic Tree, Versailles Philharmonic quartet ou encore Ra:In, le groupe du guitariste de X Japan. Du rock allié à une image, un look. C’est ce que l’on appelle le visual-kei. X Japan, fondé en 1982, en a été le précurseur. Sa recette ? Une guitare dure qui se nourrit du rock, mais aussi du métal et du punk et qui se mêle à une identité visuelle très travaillée. L’influence majeure de X Japan a été le groupe américain Kiss qui a défrayé la chronique dans les années 1970. En quinze ans, X Japan a vendu plus de 30 millions d’albums et 2 millions de vidéos.
“Le niveau des Japonais est très élevé, le travail autour du look est aussi très intéressant et définit le style japonais, poursuit Nico. Après, en ce qui concerne l’engagement dans les paroles, c’est un phénomène très nouveau. On trouve du rock dur, mais on ne prend pas encore vraiment position comme nous pouvons le faire dans Tagada Jones. Mais j’ai une grosse lacune : je ne comprends pas le japonais (rires) ! Même si je tiens à me faire traduire les paroles des groupes que l’on signe”. Récemment, Tagada Jones a joué avec Sunsowl et Maximum the Hormone, le groupe métal japonais qui a vendu, l’an dernier, 350 000 exemplaires de son dernier album au Japon. “Le rock japonais est vraiment unique. Tout comme l’accueil que l’on reçoit là-bas. Dans la salle, le public est plus enjoué et passionné que n’importe où ailleurs.”
Johann Fleuri