Lire et écrire en japonais peut paraître insurmontable. Il existe désormais plusieurs solutions techniques pour y parvenir.
Dès son arrivée dans sa famille d’accueil, Pipo fait connaissance avec son cadre de vie intime : sa chambre. Mais l’intimité dont il est question n’est que celle qu’il va développer dorénavant au fil des jours. Dans un premier temps, il doit faire face à l’inconnu, la nouveauté. Pour ne pas passer pour un sauvage, son regard doit faire fi de règles qui jusqu’alors régissaient son quotidien pour en adopter de nouvelles. Les formes, les lignes, les directions, tout semble si différent. Pour gagner en confiance, Pipo doit apprendre à lire ce qu’il voit.
Amusez-vous maintenant à relire ces dernières phrases en pensant à l’apprentissage de l’écriture japonaise. On peut en effet aborder l’écrit en japonais comme une histoire de regard et de remise en question. Pour reprendre les mots de Stéphane Barbery sur son excellent blog (www.tropiques-japonaises.fr/apprendre-le-japonais), “on marche dans le monde différemment quand on ne peut s’appuyer sur l’écrit. Le regard est très proche de celui du photographe. A l’affût. (…) La texture du monde s’épaissit, croît l’inquiétude.” Mais quand on est motivé, l’apprentissage de l’écriture japonaise est tout sauf inquiétant. Surtout que notre époque offre à tous ceux qui se lancent dans l’étude des hiragana, katakana et kanji toute une série d’outils interactifs aussi ludiques qu’efficaces. Avec l’iPhone et l’iPad et la généralisation des interfaces tactiles, il est par exemple possible, comme le propose le programme Kanji LS Touch, de faire contribuer le geste à l’effort de mémorisation sans sortir papier et crayon. Les applications iShodo et Samurai Shodo permettent quant à elles de s’offrir le plaisir de calligraphier avec les doigts sans se les salir. Les adeptes de la DS de Nintendo retiendront forcément le formidable instrument pour s’entraîner à écrire les kanji : le jeu Calligraphy Training (en import exclusivement). Conçu pour un public japonais désireux de renouer avec les bienfaits de l’écriture manuscrite dont il est continuellement détourné par l’utilisation de l’ordinateur et du téléphone portable, ce jeu peut tout à fait servir de complément à un apprentissage des kanji par un apprenant étranger qui chercherait à perfectionner sa calligraphie. Car c’est bien d’un perfectionnement dont il s’agit. Le moindre petit défaut dans votre tracé sera instantanément identifié et corrigé par un programme qui ne laisse rien passer et qui soumet de précieux conseils pour que vous puissiez vous améliorer.
Certains diront, sûrement à raison, que comme pour le dessin, la justesse d’une calligraphie ne peut se résumer aux critères figés d’un programme informatique rigide et que correct n’est pas exactement synonyme de juste, mais il faut se dire qu’une telle technologie, aussi sophistiquée soit-elle, ne peut prétendre remplacer le modèle dont elle s’inspire. Les Japonais eux-mêmes le savent bien, et c’est surtout pour combler les petits temps morts de la journée qu’ils sortent leur DS et pratiquent leur calligraphie, sans jamais renier les méthodes traditionnelles qui constituent la base de leur éducation.
Pierre Ferragut
Pratique
Le mot du mois
自然 (shizen) : nature, naturel
書き順どおりに書けば自然で美しい字になります。
Hitsujun dôri ni kakeba shizen de utsukushii ji ni narimasu.
Ecrire en respectant l’ordre des traits permet d’obtenir de beaux caractères naturels.