Avez-vous des souvenirs particuliers de cette période ? F. A. : J’étais à New York le 11 septembre 2001. La ville a toujours été un repère de démocrates, mais peu après l'attaque terroriste, tout le monde a basculé en faveur de la guerre. Je connaissais beaucoup de libéraux, et ils ont tous commencé à parler de vengeance et de représailles. Pour moi, c’était horrible. J’ai réalisé qu’on pouvait être la personne la plus tolérante au monde, mais quand quelque chose comme ça vous arrive, votre mentalité change radicalement. Vous êtes en passe de changer, c’est ce qui est arrivé à beaucoup de personnes. Cela correspond au moment où vous avez tourné Big River, en 2005 ? F. A. : Exactement. C'est l’histoire de l’étrange amitié entre un Pakistanais, une fille blanche et un routard japonais. Elle est inspirée de faits réels en Arizona, peu après le 11 septembre, où un homme blanc qui prétendait protéger l'Amérique a tiré sur un Sikh. J’avais alors l’impression que les Etats-Unis étaient revenus au XIXe siècle, avec des cow-boys qui tiraient sur des Indiens. Ce pays peut vraiment faire peur, en particulier les États contrôlés par le Parti républicain. Les flics peuvent y faire ce qu’ils veulent et s’en tirer à bon compte. Dans une interview donnée à propos de Big River, vous avez dit qu’il était plus facile de travailler en anglais parce que cela permettait plus de souplesse....